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KHALIL ADIL - "VOTER ?" (pour les musulmans)

  • sytounmcef
  • 3 juil. 2024
  • 7 min de lecture

Petit rappel à propos de la politique, des élections et du fait d'être actif, que je tiens à adresser à mes frères et sœurs en Islam. Excusez-moi si c'est un peu long mais prenez le temps de lire et de réfléchir à ce qui va suivre s'il vous plait, c'est très important :

Je vois malheureusement les nombreux débats entre musulmans sur cette question sur internet. Il y a plusieurs choses à dire mais ce que je trouve vraiment dommage, c'est que beaucoup ne s'attardent que sur le jugement théologique de cette question : halal ou haram, shirk ou pas shirk, peut-on voter pour des gens qui soutiennent des choses contraires à notre foi ou non... évidemment que c'est important de traiter le sujet sous cet angle-là mais :


1. Ce sont aux oulémas de statuer et débattre là-dessus entre eux. Pas à moi ni à 99,99% des gens qui partent en guerre virtuelle sur les RS pour imposer leur avis, quel qu'il soit aux autres. Nous, les musulmans de la masse, on suit l'avis des savants en qui nous avons confiance en respectant la divergence et ça s'arrête là.


2. La manière dont c'est fait sur les réseaux est la pire qui soit. C'est complètement inutile de s'acharner à imposer son avis jusqu'à essayer de faire culpabiliser et d'insulter ceux qui pensent différemment car pratiquement tout le monde reste braqué sur sa position, surtout quand ceux d'en face arrivent agressifs et tonitruants comme des rottweilers. Et cette agressivité, WAllahi qu'elle est présente des deux côtés. Donc à part nous mettre mutuellement la haine les uns envers les autres et accentuer les divisions déjà bien présentes au sein de la oumma, ça ne sert à rien de harceler ceux qui sont d'un autre avis sur une question donnée. Au pire, on donne notre avis une fois et ensuite ça y est, celui qui veut écouter écoute, celui qui ne veut pas n'écoute pas. Nous ne serons pas jugés sur les choix et actes des autres.


3. Et c'est le point le plus important :


Ce qu'on oublie surtout de faire, c'est d'étudier cette question d'un point de vue purement sociologique et politique. Parmi les nombreuses sciences islamiques, il existe une discipline très largement négligée par énormément de musulmans français, et pourtant au combien nécessaire, appelée le fiqh al waqi (jurisprudence du contexte). Pour ceux qui veulent en savoir plus sur ce dont il s'agit, je vous recommande la lecture de cet excellent livre du cheikh Nasir Al-Umar commenté par Aïssam Ait Yahya : https://www.amazon.fr/FIQH-AL-WAQI-SAVOIR.../dp/2953390995

Mais, de manière concise et dans ce cas précis des élections, au lieu de n'analyser le monde que superficiellement à travers le narratif officiel de menteurs éhontés ou en réduisant des questions complexes et importantes à leur seul statut juridique sans chercher à creuser sous d'autres angles, ou pire, en ne réagissant qu'à l'émotion avec la peur pour principal guide - (au combien il est facile de manipuler quelqu'un qui se laisse trop facilement submerger par ses émotions), - les musulmans de France et du monde entier devraient chercher à comprendre comment fonctionne - réellement et en profondeur - la politique dans le pays où ils vivent, puis également au niveau international.

Comprendre exactement qui dirige le pays, quel est le poids des lobbies, de la franc-maçonnerie, etc. car ce sont des paramètres à prendre en compte. Bien sûr, il faut étudier cela en cherchant la vérité appuyée par des éléments factuels et concrets, tout en mettant les sentiments et la mauvaise foi de côté. Dire, par exemple, "je refuse de croire que le système est verrouillé malgré les signes évidents car sinon ça veut dire qu'on doit rester les bras croisés à subir", ce n'est pas une démarche intelligente ni honnête. C'est juste une manière de faire l'autruche.

Beaucoup parmi ceux qui ne votent pas ne le font pas parce qu'ils estiment que cela est du shirk ou que c'est haram, mais parce qu'ils ont compris que derrière la face visible de l'iceberg que sont, entre autres, les élections, il y a un tout un système derrière qui ne laisse accéder au gouvernement que des gens présélectionnés pour mener à bien une politique servant les intérêts de ce système. Quant aux députés, même s'ils sont sincères - ce dont je ne doute pas pour beaucoup d'entre eux, surtout ceux et celles de la communauté musulmane ou issus des quartiers populaires - nous avons bien vu que lorsque la majorité rejetaient une proposition de loi que le système tenait à faire passer, un 49.3 venait s'en charger et les manifestations qui s'ensuivent ne sont d'aucun effet pour ce qui est de faire reculer le gouvernement.


Ceci étant dit (ou plutôt, redit car j'ai déjà écrit sur le sujet en 2021 mais glissons).


APRES LE CONSTAT, QUELLE(S) SOLUTION(S) ?


Maintenant, est-ce que ça veut dire qu’il faut rester inactif et juste subir ? Non. Clairement pas. Il faut agir.

Sur ça, je suis 100% d'accord avec ceux qui appellent à voter : le musulman n'a pas à être passif !

Le Prophète ﷺ, notre modèle, a œuvré sans relâche pour le bien commun.

Ses Compagnons également.

Notre din nous incite à l’action donc oui, il nous faut agir. Le musulman se doit d’être actif et utile pour la société dans laquelle il vit.


Mais la question, c’est comment ? Parce qu'agir est une chose, mais agir intelligemment en est une autre.

Certains placent leur confiance en des créatures tout en négligeant le Créateur. De la part d’un non-musulman, on peut comprendre cela. Mais de quelqu’un qui croit en Allah et en Son Prophète, c’est qu’il y a un manque dans la foi de cette personne.

D’autres parlent de s’organiser en lobbying pour peser politiquement mais il suffit juste de regarder à quel point l'individualisme est ancré en la plupart d'entre nous et comment les divisions ont gangrénées les rangs de la oumma pour comprendre qu'il y a déjà tout un travail de da'wa à faire sur les bases, sur ce qui fait de nous des musulmans, sur ce qui nous rassemble, ce qui fait de nous une communauté... avant d'envisager quelque chose sur le plan politique. Je fais souvent cette métaphore mais quand on veut construire un immeuble, il est inutile de commencer le chantier du 3ème étage si les fondations ne sont pas consolidées correctement.


En un verset, Allah azawajal nous donne une règle très simple à comprendre : {En vérité, Allah ne modifie point l'état d'un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes} (S13, V11).

Méditons un peu : comment, éloigné de son Créateur comme elle l'est, la communauté musulmane de France peut-elle espérer le secours d'Allah dans ces conditions ? Je veux dire, quand on lit et qu'on médite, dans le Coran, sur les raisons qui font qu'Allah a anéanti des peuples (Aad, Thamoud, Madyan, Pharaon, Sodomites, etc.), et qu'on commet presque tous les péchés qui ont causés la perte de ces injustes en continuant nos vies de jouisseurs consommateurs matérialistes sécularisés comme si c'était normal, la seule chose qu'on peut dire, c'est al hamdullilah qu'Allah ne nous châtie pas avec pire que des Bardella, des Darmanin ou des Zemmour.

Quand on essaye de porter un regard islamique sur une situation en mettant la pression sociale, le sentimentalisme et les penchants malsains de notre nafs de côté, on comprend que le secours d'Allah ne viendra que si on revient à Lui, et qu'on fait l'effort pour que la communauté revienne à Lui.

Quant au fait de simplement glisser un bout de papier dans une urne puis continuer une vie d'hédoniste sécularisé (qui plus est sans comprendre le fonctionnement concret de la politique) en estimant que c'est suffisant... venant d'un matérialiste athée ou agnostique, je peux comprendre mais venant d'un croyant, surtout s'il est imam ou talab al 3ilm, j'avoue avoir plus de mal. Surtout quand cet état d'esprit se justifie par un discours de sécularisé du genre : "la politique n'a rien à voir avec la religion". Pareil, venant de Jules, mon ancien camarade de classe athée, je peux comprendre. Mais lorsque ça sort de la bouche d'Abdallah, Karim, Fatima ou Naïma que je croise parfois en sortant de la mosquée ou dans des évènements associatifs communautaires, pardonnez-moi mais je ne peux plus ! C'est grave pour un musulman ou une musulmane de penser de la sorte ! Normalement, toute personne adhérant à l'Islam est consciente qu'il s'agit de la religion du Créateur du monde entier qui, à travers Sa Révélation, nous donne les clés pour réussir aussi bien au niveau individuel dans notre vie d'ici-bas et dans notre vie de l'Au-Delà, mais aussi au niveau social et sociétal. La vie de notre Prophète ﷺ en est d'ailleurs un très bon exemple. Mais ces bases ne sont même pas assimilées par beaucoup donc comment espérer le secours d'Allah dans ces conditions ? Sincèrement ? Vous croyez que Bardella ou Mélenchon peuvent faire quelque chose sans la permission d'Allah ? Vous n'êtes pas convaincus que c'est Lui qui contrôle tout ? Vous êtes des croyants ou des laïcs ? Faudrait être cohérent à la fin !


Enfin bon, je ne vais pas tourner autour du pot plus longtemps, mais il y a bien une action réellement utile et salvatrice à mettre en place. Une action qui, en plus, est unanimement certifiée autorisée, méritoire voire même dans certains cas obligatoire par l'ensemble des oulémas sunnites depuis l'époque des salafs salihs jusqu'à aujourd'hui. Cette action, c’est la da’wa ! L’appel à Allah.

Cet effort grandiose et béni qu’a fait notre Bien-aimé Muhammad ﷺ durant toute sa vie, dès le départ, bien avant de penser à bâtir un Etat islamique - chose qu’il n’a fait qu’après avoir gagné les cœurs des habitants de Médine.

Si tous les muslimin qui votaient étaient actifs dans la da’wa, et appelaient leurs coreligionnaires à faire da’wa avec la même énergie qu’ils les appellent au vote, et que tout cela émane d’une démarche sincère, là on pourra espérer le secours de notre Créateur qui a pouvoir sur l’univers entier et tout ce qu’il contient, y compris ces politiciens qui font tellement peur à certains parmi nous, mais ne sont in fine que de faibles créatures incapables de faire le bien ou le mal sans la permission d'Allah.


En résumé, celui qui veut œuvrer pour améliorer l'état de la oumma doit comprendre tout cela et être actif pas seulement en période d'élection, mais chaque jour dans la da'wa avec pour guide le souci sur comment la communauté va revenir vers son Créateur.


Wa Allah u alam


Qu'Allah nous guide, nous pardonne et nous donne la clairvoyance.


PS : un essai sur la da'wa arrive bientôt In Sha Allah. Soyez au RDV car c'est plus qu'important.

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