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Khalil Adil - "Vie d'épreuves" (Extrait d'Itinéraire d'un affranchi)

  • sytounmcef
  • 2 août 2022
  • 11 min de lecture

Dernière mise à jour : 16 août 2022

À partir de maintenant, je vais davantage m’adresser aux musulmans, débutants surtout mais de longue date également, ainsi qu’à tous ceux qui s’intéressent et hésitent à franchir le pas.

Beaucoup de nos parcours se ressemblent : on entre – ou on revient – à l’Islam avec un sentiment de renouveau, de délivrance… en nous se développe un côté « niya », sentant qu’on fait désormais partie intégrante de la meilleure des communautés donc tout ira pour le mieux. Puis la réalité de la dounia nous rattrape et nous voilà à enchainer les désillusions après la sensation d’apaisement qu’on a ressenti aux premiers instants de cette nouvelle étape de notre vie.

On découvre, entre autres, tout l’écart de foi et de comportement qu’il y a entre les premières générations musulmanes et nous, les musulmans d’aujourd’hui.

On découvre une communauté divisée, où les « mon frère », « ma sœur », « qu’Allah te donne le meilleur ici-bas et dans l’au-delà » se transforment rapidement et pour pas grand-chose, souvent des affaires d’égo ou d’enjeux mondains, en des « j’veux plus rien avoir avec toi ! », « ah c’est ça les musulmanes d’aujourd’hui, hein ! », « toi youm al qiyyama j’vais pas te rater t’inquiète pas ! »… sans compter les histoires de groupes et de sectes, entre les soi-disant « salafis » qui mettent en garde contre les « ikwanis » qui eux-mêmes vont traiter les « salafis » d’imbéciles arriérés pendant que les imams laxistes vont nous dire de nous méfier des rigoristes qui, à leur tour, vont nous dire de ne pas écouter les imams égareurs de la fin des temps…

C’est compliqué et ça en a dérouté plus d’un. Personnellement, si j’ai pu m’accrocher à la foi, l’apprentissage des fondements de la religion musulmane et à la pratique malgré tout, c’est grâce à Allah qui m’a permis de garder à l’esprit que je ne devais Lui plaire qu’à Lui. Qu’à l’arrivée, toutes ces épreuves ne seront rien devant la récompense qui m’attend si je tiens bon et que je Le rencontre en bon croyant ayant fait le bien.

Et c’est une des choses qu’il faut vraiment avoir en tête lorsqu’on entre en Islam, avant de débuter quoi que ce soit : le véritable bonheur durable n’est pas sur Terre, mais l’Islam est la voie pour y accéder après notre mort.

Allah nous a tout dit dans le Coran : {Les gens pensent-ils qu’on les laissera dire « nous croyons » sans les éprouver ? Nous avons éprouvé ceux qui ont vécu avant eux, afin de distinguer ceux qui disent la vérité et ceux qui mentent} (sourate 29, versets 2 et 3) ; ainsi qu’à travers l’exemple du meilleur des hommes, notre Prophète Muhammad – paix sur lui – dont la vie a été marqué par des souffrances de toutes sortes.

C’est cette même réalité de la vie qui trompe certains non-musulmans qui en déduisent une conception erronée pour justifier leur athéisme. Alors qu’en fait, il suffit de méditer un peu le Coran et la sounna prophétique pour comprendre la règle qu’Allah, le Créateur de tout, a établie sur Terre : c’est une vie d’épreuves, qui précède une autre vie éternelle durant laquelle ceux qui ont suivi Ses Messagers connaitront le bonheur parfait pour l’éternité, tandis que ceux qui auront refusé subiront les pires souffrances pour l’éternité.

La vie sur Terre est une demeure d’épreuves pour chaque être humain, croyant ou mécréant, homme ou femme, riche ou pauvre, oriental ou occidental... personne n'y échappe.

Tel est le décret du Créateur de la vie qui en fait ce qu’Il veut.

C’est une réalité sur laquelle personne n’a son mot à dire.

Mais là où on a notre mot à dire, c’est sur la manière dont on va vivre ces épreuves, sous quel angle va-t-on les aborder et donc les supporter.

Si on part du postulat que la vie sur Terre est un Paradis, que notre bonheur, c’est ici et maintenant, on va enchainer les désillusions et les déceptions.

Mais si on accepte la réalité que tout cela fait partie du plan d’Allah pour donner une éternité de bonheur à tous ceux et celles parmi Ses créatures humaines qui auront accepté Son décret et s’y seront soumises par amour, crainte et espoir envers Sa Majesté, eh bien ces épreuves – aussi dures soient-elles – seront beaucoup plus faciles à accepter et à endurer.

Surtout en gardant à l’esprit que, dans Sa miséricorde inégalable et inimaginable, Allah nous promet que {Nous n’imposons à aucune âme une charge supérieure à sa capacité} (sourate 2, verset 286).

Même si c’est très dur de subir les moqueries, les persécutions, les humiliations des gens mauvais… Allah sait qu’on peut le supporter, s’Il nous l’a prescrit.

Si on se convertit avec de grands espoirs pour tomber sur des coreligionnaires insolents, d’autres qui ne savent pas ce que signifient le respect de l’engagement et d’une parole donnée, des imams bisounours menteurs qui vont tenir un discours de moderniste pour se faire accepter par des gens qui ne les toléreront finalement que s’ils apostasient complètement, d’autres à l’inverse dans l’exagération sectaire, aveuglés par leur groupe qui taxent les autres d’innovateurs, d’égarés ou de mécréants pour une histoire de chapelet ou d’écouter tel cheikh ou tel imam plutôt qu’un autre… si on est confrontés à tout cela malgré nos bonnes intentions du départ, c’est qu’Allah sait qu’on peut traverser cette jungle sans tout lâcher. Qu’au contraire, ça peut même être un bien pour nous motiver à lire, à étudier, à remonter aux sources pour bien comprendre le socle de notre religion.

Si on vit dans un pays en guerre, bombardés par des terroristes en costume qui parlent ensuite de droits de l’homme ou de justice, qu’on perd un bras, une jambe et toute notre famille… c’est très dur mais pour qu’Allah permette à une telle épreuve de toucher un Homme – avec un H majuscule car j’inclus aussi les femmes – c’est car Il sait ce que renferme son cœur. Et donc qu’il peut la supporter.

Si on a perdu une mère, un père, un frère, une sœur, un enfant, un oncle, une tante, un cousin, une cousine, un ami d’enfance très proche, une épouse, un époux… Allah est là, Lui. Il sait qu’on souffre. Il sait aussi qu’on peut se relever de cette souffrance. Et Il peut nous combler cette douleur par un grand bien qu’on ne soupçonne pas tant qu’on est encore sous le choc.

Alors après, certaines personnes peuvent parfois douter, au-vu des trop nombreuses calamités qui s’abattent sur leurs têtes, mais cela n’enlève rien à la réalité qu’Allah tient toujours Ses promesses, dont celle de n’éprouver quelqu’un que selon sa capacité. Seulement, ce qu’il est important de préciser, c’est qu’Allah nous éprouve en fonction de nos réelles capacités que Lui seul connait. Pas de celles qu’on pense avoir car l’humain peut se sous-estimer comme se surestimer. N’oublions pas qu’ {Il se peut que vous ayez de l'aversion pour une chose alors qu'elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu'elle vous est mauvaise. C'est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas} (sourate 2, verset 216).

D'ailleurs, petite remarque pertinente : parfois, l'épreuve n'est pas là où on croit. Allah nous dit très clairement qu'Il nous éprouvera par le mal comme par le bien, à titre de tentation. Aussi, quand certaines personnes baignent dans le luxe, ont assez d'argent pour s'offrir tout le confort qu'elles veulent, ou ont assez de pouvoir pour contrôler les autres... naïvement, on peut s'imaginer qu'elles sont épargnées par les épreuves. Alors que non. Islamiquement parlant, elles sont tout autant éprouvées. C'est juste que nous n'avons pas accès à toutes les informations les concernant. Qui nous garantit que leur richesse et leur pouvoir ne cachent pas des cœurs en ruines ? Après tout, si leur richesse ou leur pouvoir les poussent dans la mécréance, elles perdent leur éternité. A contrario du pauvre opprimé qui passe sa vie en dévotion devant son Créateur et meurt ainsi. Qui nous garantit que la certitude en la promesse divine ne lui procure pas une paix intérieure qui lui permet d'endurer sans grande souffrance toutes les calamités apparentes qui le touchent ? On ne peut juger que d'après les apparences, donc énormément de données nous échappent.

Le Coran est rempli de récits mettant en évidence cette réalité : l'histoire du Prophète Youssouf (paix sur lui), celle du tyran Pharaon et du riche Qaroun (Corée), celle de l'homme au jardin de la sourate Al Kahf...

Ce qui est sûr, c'est qu'Allah est juste et que Son plan sera toujours meilleur que les nôtres.

Telle est la vision du musulman qui connait sa religion. Et pour apprendre à apaiser son cœur face aux difficultés de la (courte) vie d’ici-bas (que valent 40, 60, 80 ou 100 ans face à l’éternité ?), il faut juste commencer par apprendre à connaitre qui est notre Créateur.


***


Allah, notre Créateur, devant Qui nous nous prosternons en L’implorant de nous guider. Parce que Lui seul peut le faire. Quand on est perdu, c’est Lui et Lui seul qui peut nous montrer la voie.

Allah, notre Créateur en Qui nous croyons sans vraiment Le connaitre.

C’est ce point que je veux essayer de développer ici, bien qu’étant loin d’être le mieux placé pour le faire, j’estime sincèrement qu’un sain cheminement durable sur la voie prophétique ne peut débuter que de cette façon : apprendre à connaitre Allah avant d’apprendre le halal et le haram, les signes de la fin du monde, les sectes ou ce genre de choses qui déchaine les passions et les sentiments et qui, lorsqu’ils sont mal abordés avec peu de foi et beaucoup d’ignorance, entrainent davantage d’égarement qu’autre chose.

Quand on apprend à connaitre Allah, à travers Ses Noms et attributs, déjà, on est beaucoup moins sujet à tomber dans l’erreur des athées qui ont souvent l’image d’un « dieu » humain dans le ciel, matériel (donc limité). Évidemment qu’il est rationnellement impossible d’ajouter foi à une « divinité » comme ça, qui n’en est pas une.

Au fait, petite anecdote : il y a plusieurs années maintenant, une de mes anciennes camarades au lycée m’avait dit qu’elle n’arrivait pas à avoir la foi puisque, pour elle, « Dieu ne peut pas intervenir pour aider une personne en particulier alors qu’on est trop nombreux, sinon – je cite – ça fait trop de travail ». Là, typiquement, qu’est-ce qui lui a mis cette idée dans la tête si ce n’est cette vision humanisée réductrice du Créateur de toute chose ? Bien sûr qu’un être humain ne peut pas s’occuper de gérer l’univers. Il ne peut déjà pas se gérer lui-même. Mais Allah n’est pas un être humain ! Allah n’est pas comme Sa création ! C’est ça qu’il faut intégrer dans nos esprits quand on veut bien débuter un cheminement spirituel. Comprendre que ce qui est impossible pour un être humain, c’est très facile pour Allah qui est Al Aziz (le Puissant par excellence) Al Qahhar (le Dominateur Suprême), qui {est l’Unique, le Seul à être imploré pour nos besoins, qui n’a pas engendré, n’a pas été engendré, et dont nul n’est égal à Lui} (sourate 112). Comprendre que {rien ne Lui ressemble}, qu’il est le {Créateur de tout}, qu’à {Allah appartiennent la vie présente et la vie future}, qu’absolument tout dépend de Lui alors qu’Il peut se passer de tout l’univers…

En considérant Allah tel qu’Il Se décrit Lui-même dans le Coran et la sounna prophétique, on a une vision beaucoup plus cohérente du Créateur de l’univers. Et là, rationnellement, on admet beaucoup plus aisément que cet Être Suprême unique existe nécessairement pour permettre à l’univers et ses composantes d’exister et de perdurer des millénaires durant, et on admet tout aussi logiquement qu’il est normal pour nous, êtres humains, de nous soumettre à Lui sans tergiverser.

Ensuite, quand on apprend que tout vient d’Allah – donc l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, les aliments que nous mangeons, notre corps qui se régénère, notre robuste constitution, l’affection qu’il y entre nous et nos proches, etc. – parce qu’Allah est Ar Rahman (le Tout Miséricordieux), qu’Il donne généreusement Ses bienfaits sans compter, même à des mécréants qui Le renient, à qui Il continue de donner Ses biens jusqu’à leur mort. Qu’Il est Ar Rahim (le Très Miséricordieux) qui a descendu un centième de Sa miséricorde sur terre, alors qu’Il réserve 99 miséricordes pour les croyants au jour du jugement. Qu’Il veut accueillir notre repentir, qu’Il pardonne à tous ceux qui se repentent sincèrement à Lui, même s’ils ont commis les pires crimes qu’on puisse imaginer (méditons, à titre d’exemple, sur le récit prophétique d’un criminel qui s’est repenti après avoir tué 100 personnes, et dont le repentir a été accepté[1]), qu’Il accorde un délai aux mécréants et aux croyants déviants et pervers avant de les châtier, afin qu’ils aient l’opportunité de se repentir, ajouté à cela qu’Il ne punit personne avant de L’avertir par le biais d’un messager…

En méditant toute cette miséricorde immense, on est beaucoup moins sujet à tomber dans l’erreur de ceux qui rejettent l’Islam parce que « le Dieu des musulmans est trop dur, méchant » ou autre qualificatif qui ne sied pas du tout, mais alors vraiment pas du tout, à Allah l’Unique, le Tout-Miséricordieux, le Tout-Puissant.

Idem lorsqu’on sait qu’Allah, dans Sa miséricorde, a légiféré pour Ses créatures les hommes une loi qui répond à tous leurs besoins, dont les finalités ont pour but de préserver la religion qui les conduira au Paradis éternel après leur mort, mais aussi de préserver leur vie terrestre, leurs biens, leur raison, leur honneur, leurs familles et leurs sociétés… on a beaucoup plus de facilité à l’accepter.

Aussi, lorsqu’on prend conscience que ce sont la mécréance et la désobéissance aux ordres d’Allah qui entrainent tout ce dont l’être humain, par nature, ne veut pas, à savoir les guerres, la tyrannie, l’oppression, la violence, la tristesse, la bêtise, la méfiance, la trahison, la rupture des liens entre gens qui s’aiment… on a beaucoup plus de facilité à nous en écarter.

D’ailleurs, petite métaphore intéressante : si on imagine qu’une autre créature d’Allah comme le soleil, par exemple, soit doté du libre-arbitre et que celui-ci décidait de l’utiliser dans l’obéissance à Son Maitre en suivant la trajectoire qu’Il lui a assigné, tout se passe bien pour les habitants de la Terre. Mais si ce soleil décidait de désobéir et d’aller voir ce qui se passe ailleurs dans la galaxie, il entrainerait par sa déviance la mort de tous les êtres vivants sur Terre. Mais al hamdullilah, Allah a entièrement soumis cette créature dont dépendent tant d’autres, et nous a donné à nous, qui avons ce libre-arbitre, un pouvoir limité.

C’est avec ce genre de méditations qu’on comprend – en tout cas pour ma part, je le partage en espérant que ça puisse être profitable – qu’on a un Créateur d’une sagesse, d’une puissance et d’une miséricorde inimaginable.

Par la suite, le reste vient tout seul. En ayant appris à aimer Allah, à Le connaitre… c’est beaucoup plus facile d’accepter Ses lois et de changer.




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[1] Le Prophète ﷺ a dit: « Parmi ceux qui vivaient avant vous il y avait un homme qui avait tué 99 personnes. Il demanda quel était le plus grand savant de la terre. On lui désigna un moine. Il alla le trouver et lui dit qu’il avait tué 99 personnes. Est-ce qu’il restait quelque possibilité de se repentir ? « Le moine dit aussitôt : « Non ». Il le tua sur le coup et compléta ainsi à 100 le nombre de ses victimes. Puis il demanda quel était l’homme le plus savant de la terre. On lui en désigna un. Il lui dit : « J’ai tué 100 personnes. Ai-je encore quelque possibilité de me repentir ? » Il Lui dit : « Oui, qu’est-ce qui s’opposerait entre ton repentir et Allah ? Va à tel pays. Là vivent des gens qui ne font qu’adorer Allah exalté. Adore Allah avec eux et ne retourne plus à ton pays car c’est une terre de mal ». Il se mit donc en marche et lorsqu’il fut à la moitié du chemin il fut atteint par la mort. Les Anges de la miséricorde (ceux qui accueillent les mourant agréés par Allah) se disputèrent à son sujet avec les Anges du châtiment (les uns voulant le destiner au Paradis les autres voulant le destiner à l’Enfer). Les Anges de la miséricorde dirent : « Il est venu plein de repentir désirant de tout son cœur retourner à Allah ». Les Anges du châtiment dirent : « Il n’a jamais fait de bien dans sa vie ». C’est alors qu’un Ange vint à eux sous une apparence humaine. Ils le prirent comme arbitre. Il leur dit : « Mesurez la distance qui le sépare de la terre du mal et celle qui le sépare de la terre du bien. Destinez le ensuite à celle dont il est le plus proche ». Ils mesurèrent et trouvèrent qu’il était plus près de la terre qu’il voulait rejoindre et ce furent les Anges de la miséricorde qui lui retirèrent son âme (rapporté par Bukhary et Muslim).

 
 
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