KHALIL ADIL - "Transmettre" (extrait d'Itinéraire d'un affranchi, disponible le 26/08)
- sytounmcef
- 25 août 2022
- 11 min de lecture
Ensuite, une fois qu’on a compris et pris conscience de l’importance de notre din et la réalité de notre contexte, il ne nous reste plus qu’à passer à l’action et faire des efforts pour mettre en pratique la raison de notre but sur Terre : transmettre le Message de l’Unicité d’Allah à notre époque, dans notre contexte en faisant au mieux pour agir comme les salafs l’auraient fait s’ils avaient été à notre place.
Parce que c’est ça, suivre les salafs : Il y en a beaucoup qui prétendent suivre les premiers musulmans en faisant presque un copié-collé des avis et agissements des salafs dans un contexte complètement différent de l’Arabie du 7ème siècle. Alors que les salafs eux-mêmes agissaient différemment lorsqu’ils vivaient à La Mecque sous domination polythéiste, qu’à Médine, dans un Etat musulman, puis après la mort du Prophète صلى الله عليه وسلم face à des situations inédites. Puisque le contexte changeait, leurs avis et leur comportement aussi. Mais pas sur tout et surtout pas dans le sens des ennemis de l’Islam de leur époque, puisque leur objectif premier était de plaire à leur Créateur. Donc si le contexte influait, il ne les menait pas non plus à faire concession sur concession pour s’adapter comme le font certains aujourd’hui. Mais passons.
Ce que je veux rappeler ici, c’est que nous, les musulmans, qui nous revendiquons d’être miséricordieux envers toute l’humanité, nous avons un trésor inestimable à partager à nos semblables, qui serait pour eux le meilleur mode de vie qui soit, au lieu de les imiter dans leurs coutumes et modes de pensées et de vie matérialiste destructeur à en juger par ses fruits déjà énumérés à moult reprises dont eux-mêmes se plaignent.
« Ah ! Il avoue ! En fait, li mizilman il veule islamizer la France ! » doivent se dire les nationalistes / identitaires / islamophobes… qui liraient éventuellement ces lignes.
Pour répondre rapidement à cette question : oui, messieurs-dames, les musulmans – du moins, ceux qui ont conscience de ce qu’est l’Islam – veulent que l’humanité entière se convertisse, et que la Sharia d’Allah soit appliquée partout ! Et donc, forcément, ils prêchent. Mais par contre, non, ils n’imposent pas de force – contrairement à l’Occident qui ne cesse d’implanter ses idéologies dans le monde entier, aussi bien à travers le soft power que par interventions militaires, menaces et corruption – pour la simple et bonne raison que tout musulman qui connait sa religion sait très bien que seul Allah peut guider une personne et lui ouvrir le cœur à la Vérité. Donc ce que fait le musulman, c’est transmettre le Message tel qu’il est, sans le modifier pour le rendre compatible avec les passions et intérêts des uns ou des autres, en répondant aux questions dans la mesure de ses connaissances (car il y a beaucoup de points de la religion que nous ignorons, en particulier si nous ne sommes pas des savants). Ensuite, il laisse la personne à qui il a prêché libre de ses choix. Et il invoque Allah pour elle.
Maintenant, si nous voulons votre conversion à l’Islam, chers non-musulmans, ce n’est ni pour vous dominer ni par orgueil. C’est simplement que nous sommes conscient de ce qui vous attend après la mort si vous mourrez sans avoir accompli la mission que votre Créateur – Allah est le Créateur d’absolument tout, sans exception, vous y compris – a décrété pour l’humanité. Et nous ne voulons pas ça pour vous. En particulier si vous êtes nos proches, nos amis, nos camarades et collègues à qui on dit bonjour et on passe de bons moments au quotidien. Mais le jour du jugement, si vous mourrez en reniant Allah et Ses Messagers, on ne pourra rien pour vous. C’est maintenant qu’on essaye de vous transmettre la vérité pour que vous l’acceptiez et vous y soumettiez, au lieu de vous soumettre à des illusions, des passions ou d’imparfaites idéologies et philosophies humaines.
Là où on ne vous rendrait pas service, ce serait en vous incitant à continuer à persister dans vos illusions sous couvert de « tolérance ». Ce ne serait là qu’une manière de vous trahir, comme quelqu’un qui voit un ami s’enrouler une corde autour du cou et n’intervient pas sous prétexte que la vie de son camarade ne lui appartient pas, que ce dernier est libre de se pendre s’il le souhaite, « après tout c’est son droit ». Quel genre d’ami avons-nous là ? De la même manière, quand on est musulman, on ne peut pas prétendre vouloir le bien pour les non-musulmans, les musulmans égarés, les musulmans pécheurs, etc. si on n’essaye même pas de leur faire le rappel. Cela bien sûr, pour les musulmans qui ont correctement compris leur din. C’est pour ça qu’on fait ce que certains appellent du prosélytisme, et que nous appelons « da’wa » (invitation à l’Islam).
C’est dans cet objectif-là qu’en ce qui me concerne, j’écris ce livre en espérant qu’il sera lu et médité par toutes les personnes de mon entourage plus ou moins proches, mes amis, mes anciens camarades, collègues… à qui je ne souhaite que du bien.
Bien sûr, la transmission du message de l’Islam n’est pas une activité de tout repos. Propager ce message aujourd’hui – comme ça a toujours été le cas, à l’époque de chaque Prophète – revient à s’exposer à des attaques, des diffamations, des moqueries, des dénigrements voire des représailles de la part du pouvoir en place. De tout temps, les systèmes injustes et les tyrans qui gouvernent ont combattu ce message qui venait remettre en cause l’ordre établi en usant de propagande et de persécutions à l’encontre de ses porteurs.
Ce n’est pas pour rien qu’Allah nous raconte des récits comme celui de Moussa et Pharaon, ou celui d’Ibrahim qui fut jeté dans le feu.
Il y a des leçons à en tirer.
Ce n’est pas pour rien qu’Allah nous annonce que {Est-ce que les gens pensent qu'on les laissera dire : "Nous croyons!" sans les éprouver ? Certes, Nous avons éprouvé ceux qui ont vécu avant eux; [Ainsi] Allah connaît ceux qui disent la vérité et ceux qui mentent} (sourate 29, versets 2 et 3) ; ou encore tels que : {ils ne cesseront de vous combattre jusqu'à, s'ils peuvent, vous détourner de votre religion. Et ceux parmi vous qui adjureront leur religion et mourront infidèles, vaines seront pour eux leurs actions dans la vie immédiate et la vie future. Voilà les gens du Feu : ils y demeureront éternellement} (sourate 2, verset 217) ou encore {Ô les croyants, ne prenez pas de confidents en dehors de vous-mêmes : ils ne failliront pas à vous bouleverser. ils souhaiteraient que vous soyez en difficulté. La haine certes s'est manifestée dans leurs bouches, mais ce que leurs poitrines cachent est encore plus énorme. Voilà que Nous vous exposons les signes. Si vous pouviez raisonner !} (Sourate 3, verset 118)…
Quand on est au courant de cette réalité, cette Sounna d’Allah sur Terre pour éprouver les Hommes et tester qui sont véritablement croyants et attachés à la Vérité, quel qu’en soit le prix, comment peut-on s’humilier à descendre dans les rues avec des drapeaux multiconfessionnels (excepté celui du Tawhid) pour pleurer et mendier du respect et de la pitié auprès des têtes de l’islamophobie ?
Comment un imam peut-il être fier de recevoir ce genre de personne dans sa mosquée, alors qu’il a certainement lu et compris ces versets ?
D’où l’importance pour nous, musulmans, d’avoir un référentiel islamique.
Si on comprenait le monde à travers la grille de lecture qu’Allah nous donne, on comprendrait mieux le pourquoi de cette islamophobie et de cet aveuglément qu’ont beaucoup à refuser d’entendre parler de Dieu et de religion : c’est l’épreuve de la foi. Allah éprouve ainsi les hommes les uns par les autres dans ce bas-monde pour voir qui d’entre eux accepteront la foi, accompliront les bonnes œuvres, enjoindront le bien et interdiront le mal tels qu’Il les a défini.
Une fois qu’on s’est affranchis des mensonges et illusions propagés ici et là par ceux qui ont adopté un autre référentiel, y compris parmi les imams du vivre-ensemble, les groupes un peu trop sectaires et d’autres musulmans égarés emportés par le tsunami moderniste, on y voit plus clair quant à notre manière d’agir. On sait qu’il ne faut en rien céder face aux pressions des injustes. Mais pour autant, on sait qu’il y a des manières pour combattre la tyrannie et qu’on ne peut pas partir en roue libre sans aucun discernement avec pour seul guide la haine de l’autre, comme le font les pseudos djihadistes qui commettent des attentats en enlevant la vie à des gens à qui le vrai musulman sincère doit faire miséricorde en leur transmettant le message, les laissant libre d’accepter ou non par la suite.
Car c’est comme ça, dans notre contexte, qu’on peut s’en sortir avec nos moyens individuels : faire da’wa autour de nous, transmettre le message à nos proches et, pour ceux qui en ont les capacités, via les canaux d’information qui sont à notre portée comme YouTube, les livres ou plus largement internet.
Si on est nombreux à agir ainsi, il y a deux possibilités – et dans les deux cas, on est gagnants pour peu qu’on soit sincères :
— Un schéma comparable à celui qu’a vécu notre Prophète Muhammad صلى الله عليه وسلم se reproduit : notre da’wa porte ses fruits, les gens sont nombreux à accepter le message et al hamdullilah, même si c’est difficile au début (les injustes ne nous laisseront pas faire, même si on enfreint aucune de leurs lois, ils en inventeront et trouveront des moyens pour nous combattre comme ils l’ont fait de tout temps, il faut garder à l’esprit que ce monde est celui des épreuves), au final le nombre de conversions et de retour sincère à l’Islam augmente considérablement, auquel cas on peut espérer la fin (ou du moins la forte diminution) de l’injustice ici-bas, avant la grande réussite le jour du jugement.
— Un schéma comparable à celui qu’a vécu le Prophète Nouh (paix sur lui) se reproduit : on fait tout ce qu’on peut pour propager la parole d’Allah mais très peu de gens l’acceptent. Et en plus de ça, on subit des représailles. Donc dans ce bas-monde, très peu de fruits. Mais al hamdullilah, le jour des comptes, nos efforts seront comptabilisés et le véritable objectif, ne l’oublions pas, c’est celui-là. Le jour du jugement, il y aura des prophètes qui viendront seuls, sans qu’aucun homme de leur peuple ne les ait suivi mais pour autant, ils auront droit à la plus belle des récompenses car, comme le dit Allah : {tu n’es chargé que de transmettre le message} (sourate 42, verset 48).
Après, nous, à notre niveau, comment faire da’wa intelligemment ?
À l’échelle individuelle, déjà essayer d’appeler ceux et celles qui nous sont les plus proches, aussi bien parmi les non-musulmans que les musulmans occidentalisés modernistes, les musulmans déviants séduits par tel ou tel groupe sectaire, les musulmans pécheurs… parmi nos frères, nos sœurs, nos pères, nos mères, oncles, tantes, cousins, cousines, grands-parents, amis, bons camarades, etc.
Plus haut, je parlais des différentes catégories de personnes avec lesquelles on est amené à interagir dans notre vie de tous les jours.
Avec ces proches et amis avec qui le courant passe très bien, au point qu’ils vont même jusqu’à nous proposer un tapis et un endroit pour faire la prière lorsqu’ils nous invitent chez eux, là, il y a quelque chose à faire. Quelque chose de simple, comme leur parler de la paix intérieure que nous procure la foi, les inviter à méditer sur la création… Généralement, quand je suis avec ces personnes, j’attends de leur laisser l’initiative de la discussion. Par exemple, il m’est déjà arrivé plus d’une fois qu’après m’avoir vu faire la prière, un ami non-musulman vienne de lui-même me poser des questions ou me demander des éclaircissements sur certains points de l’Islam qu’il ne comprend pas, ou qui l’intéresse.
Après, si je peux donner un conseil à mes frères et sœurs : même avec ces personnes réceptives, il faut y aller avec sagesse. Ne pas faire de forcing. Ni leur parler tout le temps uniquement de religion. Et surtout, ne pas répondre quand on ne sait pas.
Ensuite, il y a les personnes moins réceptives, qui n’aiment pas spécialement qu’on leur parle de religion. Avec eux, ce serait contreproductif de se lancer dans de longs discours donc mieux vaut se contenter, quand la circonstance s’y prête, de glisser juste la petite phrase qui va peut-être les pousser à méditer. Comme par exemple, une simple remarque comme « imagine un peu la puissance qu’il faut pour créer un système aussi perfectionné que celui-là » devant un reportage sur le corps humain, quand un proche, un ami ou un collègue regarde et écoute avec fascination les scientifiques expliquer la manière dont notre système immunitaire est bien fait. Ou une phrase qui ne leur est même pas spécialement adressée comme par exemple « gloire à Allah, le meilleur des créateurs » devant un paysage naturel magnifique verdoyant avec l’arc-en-ciel, les arbres fruitiers, l’eau reluisante, les nuages… qui sait si cette simple phrase ne va pas provoquer chez l’une de ces personnes une méditation ?
Ensuite, à l’échelle communautaire, comment envisager la da’wa ?
Déjà, dans notre contexte, quand on voit que la guerre entre le vrai et le faux, le bien et le mal a pris une forme davantage idéologique que militaire, on comprend que ce ne sont pas par des attentats stupides – perpétrés la plupart du temps par d’anciens délinquants ne connaissant de leur religion que la vision biaisée que leurs gourous égarés, manipulés ou mal intentionnés leur ont vendu – n’ayant d’une part rien à voir avec le djihad islamique légiféré qui ne tolère pas le meurtre de civils et d’innocents, d’autre part ne faisant qu’empirer les choses car servant de caution aux islamophobes du pouvoir qu’on arrangera les choses.
Au contraire, quelle meilleure manière de combattre une propagande idéologique si ce n’est par une autre propagande plus percutante ?
Si bien sûr on est prêts à s’en donner les moyens.
Si demain, je voulais promouvoir mes idées, j’utiliserais les mêmes armes que celles de mes concurrents : le cinéma, l’art, la littérature, les productions intellectuelles… et si j’ai les moyens d’impacter l’économie, je ne m’en priverai évidemment pas.
Plus j’ai de gros moyens, plus j’ai de gens avec moi pour me soutenir financièrement, voire politiquement, plus je peux peser et promouvoir mes idées pour tenter d’inverser l’endoctrinement des masses en ma faveur.
Cela bien sûr, tout en conservant nos principes : pas de mensonge, ni de tromperie, ni de comportements déplacés. La fin et les moyens sont importants chez nous.
C’est globalement ce qui s’est passé à l’époque de la guerre froide, au moment où le capitalisme américain avait encore face à lui le bloc soviétique qui ne se privait pas de maintenir son peuple et ceux qu’il pouvait sous influence du communisme, sans se gêner de dénigrer le concurrent américain qui, de son côté, a produit pléthores de films où des Captain America et d’autres mettaient des raclées aux ignobles terroristes rouges… qui sont aujourd’hui devenus les séparatistes d’une autre vision du monde concurrente, tandis que l’Occident a remplacé le Captain America par d’autres héros plus modernes comme le gentil bougnoul Rachid, le superhéros gay d’un film pour enfants ou la gamine de 10 ans qui se dénude sur Netflix en proie au regard du premier pédophile venu (#BalanceTonFilmDePorc).
Nous sommes peu à produire nos propres canaux d’informations et de divertissements, alors que tous ceux qui en ont les capacités devraient se lancer. Malheureusement, il y a presque autant de musulmans qui connaissent les héros modernistes qu’il y a peu de modernistes qui connaissent les héros musulmans. Pire ! Même chez les jeunes parmi les nôtres, beaucoup ignorent les noms de la plupart des Prophètes et des Sahabas, et ne parlons même pas des grandes figures de l’Histoire islamique qui pourtant regorge de héros à quasiment toutes les époques depuis 1400 ans.
Au lieu d’accepter les modèles de dépravation que la société du spectacle veut nous imposer, on devrait tous nous évertuer à mettre en avant nos modèles : avoir de vertueuses influences, c’est fortement recommandé lorsqu’on veut tendre vers la vertu. Et tous ceux qui n’en ont pas les capacités devraient s’efforcer de soutenir leurs frères pour propager la da’wa à travers le soft power musulman.
Plutôt que payer des abonnements sur certaines plateformes que je ne citerai pas ici pour ne pas avoir de problème ou s’informer sur les médias du système – combien de commerçants musulmans je vois mettre les infos via des médias ouvertement islamophobes –, si nous étions une majorité à mettre en avant nos films et séries, nos médias et nos véritables références, bi hidnhiLlah que la tendance pourrait s’inverser et que la néocolonisation idéologique occidentale moderniste et mondialiste du monde musulman pourrait s’inverser en un temps record, de la même manière qu’en l’espace de 23 ans, l’Arabie du 7 ème siècle est passé de la terre de débauche qu’elle fut sous la Jahiliya à la lumineuse civilisation islamique qui rayonna sur le monde moins d’un siècle plus tard.

ITINERAIRE D'UN AFFRANCHI (en format papier et ebook) : https://www.bookelis.com/documents/52637-Itineraire-d-un-affranchi.html




