KHALIL ADIL - Paria
- sytounmcef
- 14 nov. 2021
- 12 min de lecture
« Les masses n'ont jamais soif de vérité, elles se détournent des évidences qui ne sont pas à leur goût. Elles préfèrent glorifier l'erreur si l'erreur les séduit.
Celui qui peut apporter l'illusion peut facilement devenir leur maître et celui qui tente de détruire l'illusion est toujours leur victime »
Gustave Le Bon
Combien de fois avons-nous entendu qu’il « fallait nous intégrer » car « on vit dans la société, on n’a pas le choix » même lorsque la société en question est porteuse de valeurs aux antipodes des nôtres.
Concrètement, comment un homme (et une femme) à cheval sur l’honneur, le respect, la foi, la pudeur… peut vouloir s’intégrer dans la décadente société moderne qui n’est qu’un miroir inversé de ses principes ?!
« Parce que nous sommes nés dans cette société et donc, nous n’avons pas le choix » comme veulent nous le faire croire les lâches qui s’y sont résignés ?
Là est le mensonge qu’il ne faut surtout pas gober. Depuis quand le fait de naître dans un milieu que nous n’avons pas choisi – donc de subir son conditionnement – nous contraint à ne jamais le remettre en question puis à le quitter s’il ne nous plait pas ? Évidemment qu’on a le choix d’adhérer ou non aux valeurs de notre société et de s’en écarter au maximum selon nos capacités – et totalement si on en a la force – si elle ne nous convient pas.
« Parce que de toute manière, on ne pourra jamais totalement se couper du monde à moins de faire comme dans le film into the wild et partir à l’aventure en solitaire avec un sac à dos ; donc autant cesser de faire le rebelle en dénonçant le système, fermer sa bouche et accepter de s’assimiler totalement ? »
Nuançons (même si c’est difficile pour certains) : oui, on est obligé de subir certains aspects du conditionnement, notamment l’influence extérieure, certains produits qu’on consomme, certains travaux qu’on doit accepter par nécessité pour vivre, etc. donc d’une certaine manière, sur certaines choses, oui, on doit se résigner... mais partiellement seulement et surtout temporairement car pour autant, on peut aussi minimiser l’impact (déjà, en nous désavouant idéologiquement du système et aussi en essayant de changer les choses à notre échelle avec des petites actions concrètes, en incitant la masse léthargique à faire de même) et essayer de s’en sortir en changeant d’environnement – notamment en émigrant dès que possible, par exemple. Ou en se lançant dans l’entreprenariat. Avec internet, aujourd’hui, il y a beaucoup d’alternatives intéressantes à saisir.
Concrètement, quelqu’un qui déteste ce système consumériste et matérialiste doit obligatoirement travailler – et donc payer des impôts – pour avoir de quoi consommer pour se nourrir, payer un loyer… et aussi prendre du repos de temps en temps. Mais pour autant, jusqu’à preuve du contraire, nous sommes libres de choisir notre travail (même si bien sûr, en temps de crise, on peut difficilement faire son difficile) et surtout ce que nous consommons. Si on sait qu’en achetant des produits en provenance de tel pays, ou de telle marque… on finance un génocide, la déforestation ou une autre injustice, on se doit de prendre autre chose et de mettre en garde, à notre niveau et selon nos moyens, contre ces produits et ce qu’il y a derrière.
Allons encore plus loin. On peut très bien – comme je le fais et comme d’autres le font bien mieux que moi – travailler (tout en évitant certains métiers comme les bars où on sert de l’alcool, les banques usurières et tout ce qui s’oppose clairement à nos principes), consommer (parfois pour se divertir ou s’offrir un petit plaisir gustatif mais en évitant au maximum les excès) et voyager par nécessité et besoin d’évasion de temps à autre, tout en dénonçant carrément la racine des problèmes du monde actuel, à savoir l’endoctrinement moderniste du système mondialiste ; puis proposer de véritables solutions alternatives bien plus bénéfiques et saines pour tout le monde, comme le retour à notre Créateur à travers Sa Révélation.
Idem pour l’intégration sociale. Qui n’a jamais entendu ou subit les discours du style : « Intègre-toi ! », « Fais-toi des amis », « pauvre type, t’es tout seul », « tout le quartier parle mal de toi », « ça fait quoi d’être un paria ? »… alors qu’honnêtement, c’est plutôt bon signe d’être marginalisé dans un contexte comme le nôtre, quand on voit le niveau de beaucoup de gens abrutis par les médias poubelles et le divertissement bas de gamme ; dont le cerveau ne fonctionne pratiquement qu’à la réaction émotionnelle ; qui n’ont pour référence que les stars people ou au mieux les penseurs et pseudos penseurs avec lesquels on leur a retourné le cerveau à l’école ; qui ne suivent que la passion, la conjecture, les polémiques de comptoir et les sujets de discussion d’une futilité ahurissante, entre la routine du travail, du quotidien et l’actualité qui sont des sujets dont il est normal de parler de temps en temps mais beaucoup n’ont que ça à la bouche sans jamais monter le niveau en parlant du Créateur, de projets à entreprendre, d’idées concrètes pour améliorer notre situation… alors qu’on vit dans un monde en pleine crise. Mais il y a pire : il y a les aussi les commérages, les discussions stériles où on passe au peigne fin la vie de quelqu’un qui n’est pas là sans se gêner de le critiquer pour ensuite lui faire de beaux sourires en face et l’inviter à manger la chair d’un nouvel absent à coup de « on dit » et de « askiparait ». On a aussi les fans de séries qui passent six mois à attendre la sortie de la nouvelle saison de leur saga préférée, tout en pronostiquant dessus sur le net, pour ensuite passer deux semaines à visionner et revoir encore chacun des épisodes pour ensuite continuer à perdre des journées à en débriefer et en débattre ; ainsi que les fans de sport qui font la même chose avec les matchs et les joueurs… sans compter cette exécrable mode du paraitre où tout le monde s’évertue à donner l’image d’une personne respectable au lieu de s’évertuer à devenir une personne respectable. Comment vouloir s’intégrer au sein d’une population pareille, quand on essaye de s’accrocher à la fitra qu’on a en nous ? Mieux vaut être marginalisé par cette masse franchement inintéressante et superficielle, pour n’être entouré que d’un tout petit nombre qui sortent du lot avec qui on peut vraiment avoir des échanges intéressants et accorder une certaine confiance sans craindre une trahison ou une calomnie car ils font partie de la minorité qui a gardé une éthique malgré la pression libérale moderniste qui incite à la médiocrité et à l’individualisme.
Au passage, j’ai perdu des lecteurs depuis que j’ai cessé d’écrire du divertissement et de prôner l’anarchie après être allé étudier ma religion. Même au sein de mon entourage, j’ai perdu des gens y compris dans ma propre famille. Mais je ne regrette rien car si j’ai perdu en quantité, j’ai gagné en qualité et ceux et celles qui me lisent aujourd’hui sont pour la plupart des gens intelligents, qui connaissent la nuance, savent mettre les émotions de côté et coécrivent indirectement avec moi en réagissant de manière constructive à mes écrits, à la suite desquelles j’ai souvent des échanges enrichissants que je n’avais que très rarement avant, à l’époque où j’avais plus de commentaires. Quantitativement parlant, j’ai perdu. Mais qualitativement, je préfère de loin 10 messages qui m’aident à avancer que 200 « t’es trop fort », « t’es le meilleur », « pourquoi t’es pas plus connu » qui n’ont fait que flatter mon nafs qui avait au contraire besoin d’être violemment savaté à l’époque de Déshumaniser, pour ceux et celles qui s’en souviennent. De même pour les abonnés, 50 personnes qui lisent et sortent du lot me sont préférables à 50000 moutons de la masse.
Au fait, quand j’emploie ces formulations, ce n’est pas pour mépriser les gens en tant qu’individus mais le conditionnement collectif qui, de fait, abrutit et tire la masse vers le bas. Je le précise car j’ai parfois de nouveaux lecteurs qui ne me connaissent pas et peuvent se méprendre sur mes intentions : je ne suis pas un haineux venu pour dénigrer mais un musulman qui tente d’inviter à la remise en question, à l’autocritique et au djihad du nafs (combat contre l’égo) afin d’aider ceux qui le veulent à avancer. Et pour ça, il faut bien dire ce qui ne va pas. Ce n’est pas en tenant un discours mielleux qui ne picote personne que ça va marcher.
Ensuite, je suis de ceux qui se focalisent sur les idées. Ce que je vante, rabaisse, défend ou attaque, ce sont les idées, les pensées, les doctrines. Et non les personnes. Quand je cite quelqu’un explicitement ou implicitement, c’est pour viser ce qu’il représente idéologiquement ou éthiquement – sauf exceptions car parfois, il faut aussi mettre en garde contre les traîtres et les escrocs populaires.
Et ce n’est pas parce que j’exècre et combat une idéologie (en l’occurrence le modernisme) que je voue également de la haine envers l’ensemble de ses adeptes en tant qu’individus. Au contraire, je les comprends pour avoir longtemps été comme eux, donc je veux leur bien et c’est pour ça que me voici à leur démontrer les failles et les contradictions de leur doctrine tout en leur en présentant une autre, histoire de ne pas critiquer sans apporter de solution (car casser, c’est facile mais construire, c’est plus dur). Je ne leur rendrai pas service en les invitant à se complaire dans la bassesse, l’illusion et la conjecture. Ce serait même une trahison et malgré mes nombreux défauts, je refuse d’être un traître, une serpillère ou un lâche !
Enfin, je parle cash car j’ai horreur de l’hypocrisie et la fausse tolérance maquillée sous de beaux slogans dont fait preuve le système actuel, grand producteur de haine et d’hypocrisie de par sa dictature de la majorité médiocre. Pourquoi « producteur de haine et d’hypocrisie » ? Parce qu’en forçant insidieusement les personnes ayant des opinions impopulaires à les renier ou à les dissimuler sous peine d’ostracisation tout en parlant parallèlement de liberté, de respect, de tolérance pour ensuite aller critiquer la montée des communautarismes et les replis sur soi, ce système totalitaire et hypocrite est en train de détruire la société.
Car oui, ce système est bel et bien totalitaire. Et de surcroit, il est hypocrite. Il y a bel et bien une pensée dominante unique – le modernisme – avec toutes les sous idéologies qu’il implique, ce qui laisse apparaitre un semblant de divergences d’opinion de façade (droite ou gauche, républicain ou démocrate, relativisme…) mais dans le fond, essayez de tenir un discours un peu trop conservateur au sens noble du terme (religieux, nationaliste antimondialiste…) et sortez du modernisme et vous allez voir si la liberté d’expression, la tolérance et l’égalité des droits s’appliquent encore pour vous ! Alors certes, vous n’allez peut-être pas être déporté au goulag mais vous allez subir un matraquage médiatique si vous êtes un peu trop connu et dans tous les cas une mort sociale qui va vous pousser à bout si vous n’êtes pas suffisamment fort ! Devant la plupart des gens, vous ne pourrez pas parler de vos idées car même si on vous parle de tolérance et de « on ne juge pas », vous savez très bien, par expérience, que dans votre cas, la tolérance et le slogan de 2Pac vont chuter aussi vite que le taux de criminalité dans les ghettos si réellement c’étaient des territoires où on appliquait la Sharia.
Résultat, vous allez soit rester avec des gens qui vous ressemblent (ce qui est normal, en soi, on est tous plus ou moins endogames), soit vous isoler complètement. Mais si vous n’avez pas une source de quiétude et d’amour pour contrebalancer et apaiser votre cœur, l’hypocrisie et le terrorisme intellectuel du conditionnement actuel va engranger en votre for intérieur une haine qui va s’accumuler toujours un peu plus au fil du temps jusqu’au moment où vous allez finir par lâcher. Et ça donne des groupuscules comprenant de plus en plus d’adeptes tels que génération identitaire, la LDNA, des recrues pour Daesh, de la poudre à canon de tous bords qui vont tuer des innocents en commettant des attentats, des néonazis, néofascistes… qui ne sont , au final, que des produits d’un système hypocrite et malsain. Et pour certains d’entre eux, ils sont récupérables. Mais pour les récupérer, il faut les considérer comme des prisonniers à sauver, non des ennemis à abattre. L’ennemi à abattre, c’est l’idéologie mortifère qui les tient ! Et c’est elle qu’il faut abattre à la racine à coups de preuves, d’arguments et d’explications. Quant aux adeptes, il faut les respecter en tant que personnes, les écouter au moins le temps de comprendre leur point de vue et ce qui les y a conduit, pour ensuite leur répondre et les amener à se remettre en question et à se désendoctriner par eux-mêmes.
Ensuite, le choix appartient à chacun de se remettre en question ou non, comme je l’ai dit plus haut.
***
Ne comprenez pas de ce texte que je prône l’isolement et la marginalisation à tout prix. La véhémente première partie de cet essai était vraiment consacrée à notre société occidentale moderne en pleine phase de décadence (voire d’effondrement à en juger par les signes), et le message s’adressait principalement à ceux et celles qui en ont assez de ce système injuste et criminogène ; ainsi qu’aux tristes sires qui ne cessent de nous inviter à renier nos principes pour avoir une petite place dans leur société diabolique qui finira tôt ou tard par disparaître tout comme l’empire romain, la dynastie mongole ou le peuple de Lot.
Mais pour autant, si nous vivions dans une société saine bâtie sur de nobles fondements tels que la justice, la solidarité, le respect, la bienfaisance… faudrait-il se marginaliser dans ce cas-là ? Si quelqu’un a envie de se couper d’un environnement qui lui est pourtant bénéfique, grand bien lui fasse. Après tout, on ne force personne. Mais quel intérêt ? Quand l’entourage est bon et tire vers le haut, pourquoi s’isoler ? Le système en place, s’il est bâti sur de solides et vertueux piliers, pourquoi le déprécier gratuitement, ou de manière passionnée et malveillante ? Quant aux dirigeants au pouvoir, s’ils sont intègres, pourquoi les critiquer et vouloir qu’ils partent ? Pourquoi vouloir à tout prix tomber dans un autre extrême et chercher à faire le rebelle à tout prix ?
Malheureusement, se démarquer, ne pas suivre les autres, être anti-autorité et anti-majorité juste pour le style sans distinction entre les différentes autorités et types d’autorités (légitimes, illégitimes, justes, injustes, etc.), est devenu une mode. Et le pire, c’est que beaucoup qui agissent ainsi se croient réellement intelligents et au-dessus du lot. Alors qu’en fait, ils sont tout aussi bêtes que ceux qu’ils dénoncent. C’est juste qu’ils suivent une tendance différente, à savoir l’anticonformisme moutonnier de bas étage. Dans le fond, demandez à ces zigotos de produire une véritable analyse de fond du système ou de ce que vous voulez pourvu que ça nécessite un minimum de réflexion argumentée qui va au-delà de quelques slogans superficiels. À moins de tomber sur une des rares exceptions qui confirment la règle, vous allez assister à un des cafouillages les plus embarrassants du système solaire.
Petite parenthèse que je referme en rappelant que pour se construire et avancer intelligemment dans la vie, il ne faut pas suivre aveuglément les gens – que ce soit les conformistes, les anticonformistes, les rebelles, les moutons ou peu importe – mais ce qui nous apparait, preuves à l’appui, comme étant la vérité, la meilleure voie, et cela peu importe qui nous sommes et d’où nous venons. Ne cherchez pas plus loin, le message que je veux transmettre, c’est celui-là.
Et encore une fois, pour revenir au sujet initial, peut-on rêver d’un meilleur système que celui légiféré par notre Créateur ? Si demain, par exemple, renaissait une véritable civilisation islamique digne de ce nom appliquant la législation parfaite du Créateur de l’univers aussi bien au sein de la population que chez les dirigeants, à ce moment-là où serait l’intérêt pour celui qui aime la vérité et la justice – ou simplement celui qui veut vivre en paix sans avoir de problème, même s’il n’est pas musulman – de se marginaliser ?
Vous l’aurez compris, je ne prône ni l’intégration ni la marginalisation dans l’absolu mais le suivi de la vérité et de la justice, en tout temps et tout lieu.
Et comme ce n’est jamais le nombre de gens qui va nous indiquer ce qui est vrai et ce qui est juste, alors peu importe si on est avec la majorité ou si on fait partie d’une minorité, qu’elle soit tolérée ou ostracisée ! Apprendre, comprendre, analyser les faits et les preuves puis agir en conséquence, là, on avance !
***
Et pour terminer, je tiens aussi à faire un petit rappel pour mes coreligionnaires : relisons les récits de nos prophètes, la manière dont leur peuple égaré les a traités ainsi que leur réaction.
Ibrahim – paix sur lui – n’a-t-il pas fermement désavoué les croyances polythéistes de son père et de son peuple, allant jusqu’à risquer de finir au bûcher par amour et dévotion pour son Créateur ?
Lot – paix sur lui – marginal à Sodome, a-t-il essayé de s’intégrer ou au contraire, s’est-il fermement désavoué des pratiques sexuelles de son peuple de basse moralité, bien qu’il essayait de les raisonner ?
Muhammad – que la paix soit sur lui – a-t-il accepté de faire concession sur concession pour satisfaire son peuple idolâtre qui lui avait pourtant proposé la richesse et le pouvoir s’il acceptait de cesser sa prédication (ceux qui ont lu la sira connaissent son célèbre échange avec Otba Ibn Rabi’a) ?
Ils sont tous restés fidèle à leur Créateur, à leurs principes et n’ont pas baissé les bras, ne se sont pas cachés derrière de lâches arguments du style « aujourd’hui, tout le monde fait shirk, riba ou zina donc tant pis » jusqu’à ce que leur soit venu le secours d’Allah, qui n’abandonne jamais ceux qui s’attachent à Lui car telle est Sa promesse : {c'était Notre devoir de secourir les croyants} (sourate 30, verset 47).

Extrait d'AGIR 5 disponible en intégralité en téléchargement gratuit ici : https://khaliladilauteur.wixsite.com/website/librairie
et en format papier à la demande (sytounmcef@gmail.com)




