KHALIL ADIL - IQRA
- sytounmcef
- 1 oct. 2021
- 14 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 oct. 2021
Après avoir parlé des erreurs et mouvances à éviter, il faut aussi parler de la bonne voie à suivre : comment apprendre, comprendre et pratiquer l’Islam correctement à notre époque où il est si difficile de s’y retrouver ?
Avec le Coran, uniquement, en nous passant de tout le reste, comme invitent à le faire certains ? Évidemment, le Coran est une Révélation du Créateur dans laquelle Il nous donne la voie à suivre mais pour autant, Allah ne nous a-t-Il pas aussi envoyé un Messager pour nous montrer comment interpréter correctement Ses versets ? Parce que, soyons honnêtes, qui d’entre vous et moi peut prétendre avoir le niveau de connaissances et l’intégrité requise pour pouvoir interpréter correctement le Coran tout(e) seul(e) alors que nos esprits et nos cœurs sont certainement testés positifs aux virus de l’ignorance et des passions ?
Comme quoi, pour bien comprendre le Coran, nous sommes obligés de nous référer à la sounna du Prophète ﷺ, ses hadiths et sa biographie.
Seulement, étant donné que 14 siècles nous séparent de lui, comment accéder à sa sounna à notre époque ?
Comment, si ce n’est par la même cause que celle qui a préservé le Coran de toute falsification, à savoir les Compagnons de notre bien-aimé Muhammad ﷺ qui, en plus d’avoir eu le privilège d’être ses élèves au moment de la Révélation, ont mémorisé ses enseignements par cœur, compilé les versets du Coran en un seul livre de référence (le mousHaf que nous connaissons tous), puis transmis oralement aussi bien le Coran que la sounna à la génération suivante qui, à son tour, a fait de même, jusqu’à ce qu’interviennent les grands savants qui ont compilé à leur tour les hadiths dans les livres que nous avons aujourd’hui : le sahih d’Al Bukhary, celui de Muslim, mais aussi les sounnan d’Ibn Maja, d’Abou Daoud, d’At-Tirmidhi, d’An Nasa’i ou encore le Muwatta de l’imam Malik, le Musnad de l’imam Ahmed, le célèbre Riyad As Salihin (le jardin des vertueux) de l’imam An Nawawi et bien d’autres ouvrages rédigés par les grands et vertueux savants salafs – qu’Allah les récompense tous – qui sont la cause par laquelle Allah a préservé Sa religion afin qu’elle nous parvienne, malgré l’écart temporel qui nous sépare de l’époque de la Révélation.
Au fait, petite précision très importante : quand on parle de comprendre et de suivre le Coran et la Sounna selon la compréhension des Compagnons, ça ne veut pas dire qu’il faut faire un copier-coller de leurs avis pour les appliquer à la lettre dans notre contexte radicalement différent. Suivre la compréhension des Compagnons veut dire comprendre leur manière de réfléchir pour s’en imprégner et essayer au maximum d’agir comme ils l’auraient fait s’ils étaient dans notre situation. Et pour ça, on a bel et bien besoin des savants. Et al hamdullilah, notre patrimoine est rempli d’oulémas dignes de confiance, sincères dans leur engagement envers Allah, préférant la mort à la trahison, quoi qu’en disent ceux qui passent leur temps à attaquer nos savants en les accusant d’être tous à la solde des intérêts du pouvoir. Connaissent-ils vraiment les savants dont ils parlent ? Savent-ils ce qu’a enduré l’imam Ahmed pour avoir refusé de dire à la secte mu’tazilite[1], au pouvoir à son époque, ce qu’ils voulaient entendre de sa part ? Savent-ils qu’Ibn Hibban a subi maintes persécutions pour son attachement au Haqq (la Vérité) ? Qu’Ibn Taymiyyah a passé une grande partie de sa vie en prison ? Qu’Ibn Hazm a écrit de multiples textes pour dénoncer les dérives des dirigeants de son époque ? Et je peux continuer encore longtemps mais on sait très bien que la plupart de nos oulémas, en particulier les anciens, n’étaient soumis qu’à Allah et ne se vendaient pas aussi facilement que les hommes le font à notre époque, au moindre petit coup de pression.
De fait, le travail des savants nous est indispensable pour avoir accès à une bonne compréhension de nos textes. Seulement, lorsque nous en sommes arrivés là, une autre question légitime se pose : parmi tout ce riche patrimoine, quel(s) savant(s) suivre ?
C’est là qu’intervient la question de l’importance de suivre un madhab (école juridique, pour ceux qui ne savent pas, il en existe quatre : les malikites, les hanafites, les shafiites et les hanbalites).
C’est d’autant plus nécessaire dans ce contexte de mondialisation (ou d’occidentalisation du monde) dans lequel beaucoup d’ennemis de l’Islam – en particulier ceux de l’intérieur que j’ai dénoncé précédemment – essayent de falsifier la religion en passant par la porte de l’interprétation du Coran. Vous connaissez ce genre de phrases du genre « la religion, c’est juste une question d’interprétation » qui laisse sous-entendre que celle de M. Personne et Mme Toulemonde qui n’ont jamais pris des cours auprès d’un muallim ni ouvert un livre de fiqh et ne manifestent pas d’attachement particulier pour la parole de leur Créateur peut être mise au même niveau que celle d’Abdallah Ibn Abbas, le cousin du Prophète ﷺ ayant bénéficié de ses invocations, réputé pour être un maitre de d’exégèse ; ou celle de l’imam Malik, ayant grandi depuis tout petit dans le monde de la science islamique à Médine, moins d’un siècle après la mort du Prophète ﷺ, ou même – si on reste sur l’époque contemporaine – de celle des oulémas khalaf (contemporains) ayant consacré toute leur vie à l’étude du din. Soyons sérieux. Il faut bien comprendre qu’en cherchant à interpréter nous-mêmes les textes alors que nous n’avons pas les capacités, on ouvre une porte à la déviance qui peut conduire certains à l’extrémisme radical et d’autres à l’extrémisme laxiste. Tandis que s’accrocher à une méthodologie établie par de grands savants moujtahidoun (ayant le niveau pour interpréter les textes que nous n’avons pas) dont le haut niveau de science et l’intégrité font l’unanimité au sein de la oumma, c’est protéger notre orthodoxie et notre orthopraxie des manipulations contemporaines.
Car il y a une chose importante à savoir sur les interprétations des textes : c’est codifié. Les musulmans se divisent en deux catégories : le moujtahid ayant le niveau de connaissances nécessaires pour pratiquer l’ijtihad et le mouqalid ne l’ayant pas. Donc il suit un moujtahid, sachant que si celui-ci pratique un ijtihad et tombe juste, Allah lui donne deux récompenses (une pour l’effort, une pour avoir trouvé la vérité) mais s’il se trompe, Allah lui donne quand même une bonne réponse pour son effort (qui était sincère car son but était de trouver la vérité) et ne lui comptabilise aucun péché pour son erreur (car Allah ne charge pas l’homme plus qu’il ne peut supporter. Or, l’erreur est humaine et le savant reste un homme). Quant au mouqalid qui suit le moujtahid, il n’encourt aucun risque dans tous les cas puisque n’ayant pas le niveau d’interpréter les textes par lui-même, il a cherché à satisfaire son Créateur en suivant le moujtahid. Donc au final, si tout le monde accepte et suit les règles, tout ira bien pour tout le monde In Sha Allah.
« D’accord mais dans les savants moujtahidoun, il n’y a pas que les 4 madahib ! »
Non, mais le suivi d’un madhab présente de très gros avantages nous permettant d’être tranquilles. Pour commencer, ça nous évite de piocher à droite et à gauche les fatwas qui nous arrangent pour nous construire un « Islam à la carte » pour reprendre l’expression de certains prédicateurs, et ainsi risquer de ne plus prendre pour base la Révélation mais nos passions ; ce qui est très dangereux puisqu’Allah nous avertis : {Ne suis pas ta passion, sinon elle t’égarera du sentier d’Allah} (sourate 38, verset 26}.
Aussi, le suivi d’un madhab nous évite de nous faire avoir par les discours sectaires allant aussi bien dans un sens (« tous les musulmans d’aujourd’hui sont des innovateurs sauf nous qui nous autoproclamons sur la salafiyya »…) ou dans un autre (« on est au 21ème siècle, faut revoir tout notre héritage, l’Ijma n’est pas un argument, tous les savants depuis 14 siècles se sont trompés mais nous, on est modernes, on peut tout comprendre mieux qu’eux »…) et de tomber dans les petites guéguerres virtuelles de minhaj (entre groupes généralement récents) qui ne font qu’accroitre la division et torpiller la fraternité, les madahib étant tous dans le suivi de la Sounna, respectueux et tolérants les uns envers les autres.
« D’accord, mais c’est quoi exactement un madhab et comment ça fonctionne ? »
Eh bien, dans la législation parfaite d’Allah, il y a des points clairs sur lesquels il y a unanimité (les fondements sont tous dans cette catégorie) et jusque-là, pas besoin d’interprétation, tout est limpide. On sait qu’Allah est Unique, que ceux qui mourront musulmans iront au Paradis et les autres en Enfer, que les 5 prières, le jeûne du Ramadan, le Hajj, le respect des engagements ou encore le voile pour les sœurs sont obligatoires, que boire de l’alcool, le vol et le meurtre sont interdits… tou(te)s les musulman(e)s sont d’accord là-dessus, il n’y a pas de débat à avoir, c’est clair et tranché depuis le début.
Mais il y a aussi des questions sur lesquelles il y a des divergences (fondées) entre les savants (qui ont tous des arguments solides). Et c’est là qu’il commence à être question d’interprétation MAIS c’est surtout là qu’il ne faut pas se tromper en jouant au savant, en cherchant ce qui nous arrange ou en suivant un pseudo mufti illégitime ou corrompu comme il y en a beaucoup à notre époque.
Or, en suivant un de ces quatre corpus d’avis (en France, le plus suivi est le madhab de l’imam Malik mais cela dit, si quelqu’un préfère suivre le madhab d’Abou Hanifa car plus facile avec notre contexte actuel, il n’y a, en principe, aucun problème – et Allah est plus savant), on a une ligne droite qui regroupe un ensemble d’avis sur les questions à interprétation d’après une méthodologie scientifique dépassionnée établie par un grand savant (en l’occurrence Abou Hanifa, Malik, Shafi’i et Ahmed) dont la légitimité est unanimement reconnu, ce qui nous permet de pratiquer sainement notre religion sans être impacté par les divergences, ce qui nous tranquillise et nous permet de nous consacrer à autre chose : notre spiritualité, nos obligations mondaines (la famille, le travail, les études…)
« D’accord, mais dans le concret, qu’est-ce que ça donne ? »
Concrètement, par exemple, on sait qu’il nous est obligatoire de jeûner durant le mois de Ramadan. Il y a consensus sur ce point clair, et même les non-musulmans le savent.
Cela dit, comment jeûner ?
Quelles sont les règles du jeûne ?
Qu’est-ce qui annule le jeûne ?
Quelles catégories de personnes en sont dispensées ?
Est-ce qu’elles doivent le rattraper par la suite ?
C’est important de savoir tout ça aussi pour être sûr de bien pratiquer cette adoration comme il se doit. Et sur ces points, il peut y avoir des avis différents. Alors au lieu de sélectionner ce qui nous arrange, on va vers les livres de référence du madhab que l’on suit (prenons le madhab malikite), on regarde le chapitre du jeûne avec les explications des oulémas et on a toutes les informations nécessaires pour jeûner correctement. Et si dans une autre école, on voit qu’il y a certains avis qui diffèrent (même sur des annulatifs, comme par exemple la pratique de la hijama) on ne s’en préoccupe pas puisqu’en suivant le madhab malikite, on s’en remet à l’ijtihad d’un savant moujtahid puisqu’en tant que petit mouqalid, on n’a pas le niveau pour interpréter les textes nous-mêmes.
Autre exemple : la prière du voyageur. On sait qu’Allah nous a permis de raccourcir et de regrouper certaines prières lorsqu’on est en voyage pour nous faciliter la tâche.
Mais pour autant, à partir de quel moment est-on considéré comme un voyageur ?
Et si on l’est, dans quelle mesure peut-on regrouper et raccourcir les prières ?
Si on regarde tout ce qu’ont dit les savants sur le sujet, on a énormément d’avis différents. Mais quand on reste sur notre madhab, on reprend un livre de fiqh malikite et on part en voyage l’esprit tranquille, en sachant si oui ou non les facilités pour la prière du voyageur s’appliquent à notre situation et si c’est le cas, comment on peut les appliquer.
Et il en va de même pour tout le reste de notre pratique : les règles de la prière, les ablutions, le Hajj, ce qui est halal et ce qui est haram au sujet des nouveautés qui n’existaient pas à l’époque de la Révélation (comme la photo, par exemple)… ce qu’on doit faire, c’est suivre les savants du madhab auquel on adhère (et non choisir un avis malikite par-ci, un avis hanbalite par là, l’opinion hanafite sur ceci et une fatwa shafiite sur cela) tout en respectant les autres (et non en faisant des mises en garde obsessionnelles pour un oui ou pour un non).
« D’accord, mais du coup, ça veut dire qu’on s’enferme ? »
Eh bien, tant qu’on n’est pas moujtahid, d’une certaine façon oui. Seulement, puisque nous ne sommes pas des jouisseurs matérialistes hédonistes mais des croyants un minimum sincères envers notre Créateur, nous essayons de Le satisfaire au mieux et pour ça, il nous faut bien comprendre ce qu’Il nous demande. Et pour ça, il faut comprendre et pratiquer l’ensemble de notre religion correctement… et seuls, nous n’avons pas le niveau pour cela. Donc il nous faut suivre quelqu’un de reconnu intègre qui l’a. Et il se trouve que les 4 madahib répondent à ces critères.
« D’accord, mais du coup, on ne suit plus le dalil (preuve) ? Pourtant, Malik a dit qu’on prend et qu’on rejette de tout le monde à part de celui qui est enterré dans cette tombe en désignant celle du Prophète ﷺ ! Et Shafi’i lui-même a dit de jeter sa parole contre un mur si elle contredit le hadith authentique ! »
Oui, mais à qui Malik et Shafi’i adressaient-ils ces paroles que beaucoup balancent aujourd’hui sur la toile ? À leurs élèves qui étaient eux-mêmes de grands oulémas moujtahidoun ou à Mahmoud Henri du 93 étudiant chez Google, YouTube et WhatsApp qui se permet de propager des paroles comme celles-ci hors contexte tout en étant incapable de lire l’arabe et donc d’avoir accès à de multiples dalils dont il ne soupçonne même pas l’existence ?! Oui, il faut suivre le dalil mais en petits mouqalidoun que nous sommes, avons-nous le niveau pour en vérifier la fiabilité ? Abou Hanifa, Malik, Shafi’i et Ahmed ne sont-ils pas plus légitimes pour ça ?!
D’ailleurs, l’un des plus grands paradoxes qu’on retrouve très souvent chez les détracteurs des 4 écoles, c’est qu’eux-mêmes suivent un ou des savant(s) contemporain(s) qu’ils estiment digne(s) de confiance. Et en agissant ainsi, ils ne s’en rendent sans doute pas compte, mais ils font exactement la même chose qu’ils reprochent à ceux qui suivent un madhab : le taqlid. Sauf qu’eux préfèrent suivre quelques savants contemporains et sites internet.
Et encore, je ne sais pas si ma comparaison est vraiment pertinente car quand on prend l’avis du cheikh Al Albani sur telle question, puis celui du cheikh Ibn Baz sur une autre, et ensuite celui d’Ibn Outheymin sur une troisième… qu’est-ce qui nous guide dans notre sélection des avis ? Et là, j’ai pris le meilleur des cas puisque les concernés piochent encore chez des oulémas. Il y en a qui vont carrément piocher chez Tariq Ramadan, Bajrafil et de pseudos théologiennes féministes… si l’un(e) d’eux lit ces lignes, je me dois de lui donner ce conseil : arrête immédiatement et réfère toi aux vrais savants unanimement reconnus par la oumma, ce sera mieux pour ton ici-bas et surtout ton au-delà !
Je termine sur ce point en invitant ceux et celles qui ont des doutes à lire la Réfutation de ceux qui ne suivent pas les quatre écoles juridiques du savant Ibn Rajab. Ou, parmi les explications plus contemporaines, il y a aussi le livre du cheikh Al Bouti intitulé La non-conformité aux quatre écoles juridiques, l’innovation la plus dangereuse.
Et enfin, après avoir opté pour cette saine méthode qui fut celle de la communauté depuis des siècles (ce n’est que récemment que les mouvements anti-madhab et anti-sounna se sont démocratisés au point de gangréner la oumma à ce point), il ne reste plus qu’à trouver un institut sérieux et digne de confiance ou une mosquée gérée par des imams intègres pour s’y inscrire et débuter son apprentissage – en présentiel dans l’idéal et pour ceux et celles qui ne peuvent pas pour X ou Y raison, il y a aussi des cours en ligne de très bonne qualité à des prix tout à fait abordables (rien à voir avec le soi-disant coaching spirituel à 200€ de l’heure) – avec des professeurs qualifiés qui seront là pour nous encadrer, nous expliquer et répondre à nos questions.
Ne prenez surtout pas votre bagage islamique sur internet, parfois on y trouve des absurdités que certains débutants, sincères mais mal encadrés, prennent pour des réalités. Saviez-vous, par exemple, que ne pas vous tailler la moustache peut faire de vous un mécréant ? Vous pouvez trouver ça sur certains sites islamiques, avec le dalil à l’appui : un hadith clairement formulé, stipulant que « celui qui ne se taille pas la moustache n’est pas des nôtres » en précisant que c’est rapporté par At-Tirmidhi et authentifié par Al Albani… mais sans donner les explications des oulémas qui précisent que le « n’est pas des nôtres » dont il est question ici n’est pas à prendre au sens littéral mais que le Prophète ﷺ emploie ces formulations afin que l’on ne prenne pas ces actes à la légère. Mais comme ce n’est pas expliqué sur le site, vous ne pouvez pas le deviner alors si vous êtes un débutant et que vous portez la moustache, vous risquez de souffrir du waswas. Même chose sur les comptes Instagram et groupes WhatsApp qui, de la même manière, vont publier et vous envoyer plein de hadiths et de paroles de savants (pas toujours authentiques, soit dit en passant) sans vous donner d’explication. Ensuite, à vous de vous débrouiller avec. Sérieusement, depuis quand acquiert-on la science ainsi ?
Alors bien sûr, on peut découvrir de très bons sites, des prédicateurs dignes de confiance et d’excellents ouvrages sur le net qui est un outil pratique pour découvrir l’Islam et ses bases. Mais pour réellement apprendre, rien ne remplacera jamais les études traditionnelles auprès d’un professeur.
« D’accord, mais si on ne trouve pas de professeur, on peut aussi acheter des livres et apprendre en autodidacte, non ? »
Mieux vaut éviter aussi d’apprendre uniquement à travers les livres en les choisissant seul. Parfois, on peut faire plus de mal que de bien non pas parce que le livre est mauvais, mais souvent parce qu’il n’est pas adapté à notre niveau. Alors que si on étudie dans un institut avec un professeur, non seulement celui-ci est là pour nous orienter dans nos lectures, mais il nous donne les clés pour bien les comprendre. Mais surtout, au-delà des règles théoriques qu’on peut lire en apprenant en autodidacte, le professeur transmet aussi une éthique, une méthodologie, une pédagogie… qui nous sera très utile par la suite.
Pour l’anecdote, j’ai moi-même fait cette erreur lors de mes débuts en lisant des livres sur les annulatifs de l’Islam que j’ai voulu lire et comprendre tout seul. Résultat : plusieurs semaines de violents waswas à me demander constamment si j’étais toujours musulman.
Autre exemple, lorsque certains prédicateurs sur YouTube citent le hadith dans lequel le Prophète ﷺ conseille à un de ses Compagnons hésitant entre deux choses d’écouter son cœur, comment le grand public peut-il le comprendre ? Le Prophète ﷺ s’adressait à un Sahaba pieux, craignant Allah, pour qui écouter son cœur signifie suivre ce qui lui semble être ce qui satisfait son Créateur. Est-ce la même chose pour nous pour qui « écoute ton cœur » sonne comme une porte ouverte au suivi de passions ?
Et il y a beaucoup d’autres exemples de mauvaises interprétations qu’on peut se faire même de versets et de hadiths authentiques, si on n’est pas encadrés par un enseignant.
Et enfin, autre avantage d’étudier dans un institut : on n’est pas tous seuls, il y a d’autres étudiant(e)s avec nous avec qui on peut sympathiser, se lier d’amitié… ce qui va nous faciliter mutuellement notre apprentissage et notre cheminement.
Juste avant de conclure, je rappelle aussi que les imams ont raison lorsqu’ils nous invitent à nous intéresser aussi aux sciences profanes et nous citent les grands noms de scientifiques, mathématiciens, physiciens… de notre glorieux patrimoine islamique. Tout savoir utile est bon à prendre et en plus des oulémas, la oumma islamiyya a besoin d’architectes, de médecins, de physiciens et autres scientifiques, d’historiens, d’économistes, de littéraires…
Et aussi, il faut s’intéresser à ce qu’on appelle le fiqh al waqi, (la connaissance du monde qui nous entoure) pour bien comprendre comment vivre notre religion sereinement car la seule connaissance des textes ne suffit pas. Il faut aussi connaitre un minimum le contexte pour éviter de tomber dans de graves erreurs. À ce sujet, le cheikh Nasir Al Umar a écrit un petit livre intitulé fiqh al waqi, le savoir profane au service du savoir révélé en Islam pour ceux et celles qui veulent en connaitre davantage.
Tout cela étant dit, n’oublions pas que nous vivons dans un contexte délicat où les ennemis de l’Islam mettent les bouchées double pour séculariser les musulmans et falsifier notre din qui les dérange. Et que la meilleure manière de résister est en premier lieu de comprendre et de mettre en pratique notre religion correctement, c’est-à-dire en suivant le Coran et la sounna du Prophète ﷺ avec la compréhension des salafs. Et pour cela, la méthode que la oumma islamiyya a suivie pour cela depuis des siècles a été celle décrite plus haut : donc évitons d’innover et cramponnons-nous y !
Et Allah est plus savant.

Extrait de l'ebook AGIR 4 pour mes frères et sœurs musulman(e)s à paraitre dimanche 3 octobre en téléchargement gratuit
[1] Des rationalistes pensant que la raison humaine, limitée et biaisée, est prioritaire sur la Révélation infaillible du Créateur omniscient. D’une certaine manière, l’équivalent des pseudos réformistes et des adeptes de cette hérésie « d’Islam de France ».




