KHALIL ADIL - "HIJRA AU MAROC"
- sytounmcef
- 16 août 2024
- 15 min de lecture
Pour tous mes frères et toutes mes sœurs en Islam souhaitant quitter la France, le Maroc est une terre d’opportunité.
Déjà, sur le plan administratif, c’est une des destinations les plus accessibles.
Même s’il n’est pas forcément simple pour tout le monde d’obtenir la nationalité ou le statut de résident, vous avez droit à 90 jours sur le territoire marocain renouvelable à chaque entrée, sans qu’une période d’attente entre deux séjours de trois mois ne soit exigée comme cela peut être le cas dans d’autres pays. Autrement dit, vous pouvez très bien sortir du Maroc à midi, aller faire une petite balade dans une des enclaves espagnoles de Ceuta ou Melilla puis repasser la frontière dans l’autre sens à 14h, et c’est reparti pour 90 jours. Ou alors, si vous habitez dans le sud marocain, vous pouvez aussi faire un petit voyage d’une semaine ou deux en Mauritanie tous les trois mois, c’est également un pays magnifique à découvrir, et en plus une terre riche en histoire et en science, d’où sont formés de nombreux oulémas.
Après, vous pouvez demander - et c’est même mieux - le statut de résident marocain. De manière générale, vous pouvez obtenir un titre de séjour si vous décrochez un contrat de travail ou si vous vous inscrivez pour étudier dans une université du royaume. Vous pouvez également ouvrir un commerce sur place. Ou alors acheter un terrain si vous avez suffisamment d'argent pour cela. Et il y a évidemment la solution à laquelle certains pensent tout de suite quand on parle d’obtenir des papiers mais si je peux me permettre ce rappel, étant donné que je suis un musulman qui m’adresse prioritairement à mes coreligionnaires - bien que ce texte soit ouvert à tout le monde - notre Prophète ﷺ nous a recommandé de choisir son époux / épouse en premier lieu en raison de sa religion.
Pour trouver un logement, contrairement à la France où toutes les démarches administratives sont compliquées, au Maroc c’est très simple : vous repérez un appartement ou une maison à louer, vous contactez directement le propriétaire, vous négociez avec lui, vous lui payez un ou deux mois d’avance et vous emménagez en moins d’une semaine. Ensuite, vous allez juste déclarer votre installation au commissariat du village ou du quartier si vous êtes dans une grande ville et ça y est, vous êtes en règle, et vous avez votre chez-vous.
Autre avantage considérable : le coût de la vie, qui est très bas comparé à la France, surtout pour ceux qui travaillent en ligne et ont des revenus en euros. Alors, bien sûr, dans les grandes villes touristiques, tout est plus cher surtout si vous affichez un peu trop ostensiblement que vous n’êtes pas du coin. Mais dans l’ensemble, il n'y a pas besoin de gagner énormément pour bien vivre au Maroc. Pour environ 1000€ par mois, vous pouvez faire vivre dignement une famille de 4 ou 5 dans une petite ville ou un village. Alors bien sûr, ce ne sera pas le grand confort non plus mais al hamdullilah, c’est suffisant pour avoir un toit, à manger, de quoi se vêtir, se chauffer, et se déplacer sans trop de difficulté. Mais si vous vivez seul, alors avec 1000€ par mois, vous êtes le roi.
Après, pour le travail, même s’il est possible de trouver un emploi sur place (dans les grandes villes, notamment, où même sans être arabophone, vous pouvez trouver du travail), le mieux est de se former et de lancer un business online. Le choix est grand : développeur web, hacker, IA, cybersécurité, commerce en ligne, etc. Et il existe de nombreuses formations pour vous permettre d’acquérir toutes les compétences nécessaires pour cela, même en partant de zéro. Bien sûr, vous pouvez compléter vos revenus avec un emploi sur place, ou opter pour cette solution. Mais il faut savoir que les salaires sont nettement moins élevés qu’en France et que beaucoup de marocains eux-mêmes ont du mal à trouver un bon boulot donc forcément, pour un étranger, c’est encore plus compliqué, sauf bien sûr si vous arrivez ultra diplômé dans certaines branches, mais c’est loin d’être le cas de tout le monde. Et puis, l’avantage si vous avez votre revenu en euros, c’est que non seulement vous pouvez vivre décemment, mais en plus vous pouvez aider les populations autour de vous. Si vous vivez dans un petit village, ou une petite ville, et que vous touchez environ 1500 € par mois, vous pouvez en garder 100 pour aller tous les mois à l’épicerie du coin et régler l’ardoise de tous les clients accablés par un crédit. Ça a l’air d’une petite chose comme ça, mais vous n’imaginez pas à quel point vous allez faciliter la vie à de nombreuses personnes qui, parfois, gagnent moins de 200€ par mois avec lesquels ils tentent de faire vivre une famille de 6 ou 7. Imaginez un peu tous ces pères et mères de famille faire des du’as pour vous, toute la baraka que ça peut vous apporter dans votre vie d’ici bas et dans celle de l’Au-Delà.
J’ai commencé par parler de cela car, à la base, j’ai opté pour le Maroc en raison du fait qu’il s’agit d’un des pays les plus accessibles, administrativement parlant. Mais c’est loin d’être le seul avantage. Le Maroc a énormément d’autres atouts.
Si vous êtes un amoureux de la nature, le Maroc a tout ce qu’il faut pour vous combler. Entre la mer, l’océan, les nombreuses lagunes que vous trouvez en longeant la côte Atlantique abritant une faune et une flore magnifique, les rivières et les cascades à l’intérieur des terres, les grandes étendues désertiques, les montagnes aux plaines et forêts parfois verdoyantes parfois ocres et arides... bref, vous avez plein de paysages à couper le souffle.
Je vous en partage d’ailleurs quelques-uns immédiatement avant de passer à la suite :
Si vous souhaitez apprendre la religion, c’est possible. Il y a beaucoup de gens de science au Maroc, qui ne veulent ni de la célébrité, ni du luxe, ni rien de ce genre donc non, je ne parle pas des imams sous contrôle ni des savants de palais - j’anticipe un peu les réactions de certains lorsqu’ils vont lire cela. Sincèrement, au Maroc, vous pouvez très bien apprendre le Coran, la sira, et de nombreuses disciplines des sciences islamiques et y côtoyer des gens très pieux et instruits, ce qui est très bénéfique pour qui veut avancer dans le din.
Si votre objectif premier est de vous épanouir spirituellement, de vivre votre foi sereinement, sachez qu’il y a de très nombreux endroits propices pour cela au Maroc où votre longue barbe et votre djellaba seront la norme, le jilbeb ou le niqab pour les sœurs également, et personne ne viendra vous dire quoi que ce soit.
Évidemment, les grandes villes (trop) touristiques que sont Marrakech, Casablanca, Rabat, Agadir, etc. sont très occidentalisées et le surtourisme fait beaucoup de dégâts - même s’il est vrai que certaines villes sont moins touchées que d’autres -, mais c’est faire une grave erreur et injustice que de réduire le Maroc à ses grandes métropoles et sites touristiques.
Personnellement, je me suis trouvé un petit coin tranquille dans les environs de la ville de Tinghir, située dans le sud-est du pays, et c’est un univers totalement différent, surtout quand on sort de la ville pour s’enfoncer un peu dans la campagne avoisinante. Si j’ai choisi ce lieu, c’est parce que j’ai mis devant moi l’éducation de mes enfants en priorité : en tant que musulman, j’ai une responsabilité et ne peut pas les faire grandir n’importe où, n’importe comment. La France, où la propagande moderniste antireligieuse s’est intensifiée à tel point que vous pouvez maintenant être convoqué à l’école et vous voir menacé qu’on vous retire le droit de garde de votre fils de moins de 10 ans juste parce que celui-ci a parlé de Dieu en classe, et même les grandes villes dans de nombreux pays musulmans où le fassad est omniprésent sont clairement à fuir.
Encore pour nous, adultes avertis, qui savons faire la part des choses et sommes conscients de la réalité du monde dans lequel nous vivons, il reste possible de côtoyer ces milieux par nécessité professionnelle ou familiale même si, à terme, ça joue sur notre mental et personne n’est à l’abri d’être influencé. Mais pour des enfants en bas-âge dont le cerveau n’est pas encore bien formé, qui sont dans une phase de construction où tout ce qu’ils voient, entendent et ressentent part se graver tout droit dans leur cœur et leur psyché, les milieux où règne le modernisme sont à fuir pour tout homme de foi ou simplement attaché aux valeurs traditionnelles qui ont été celles de l’humanité depuis des siècles. Je suis musulman, mes enfants sont les miens, pas ceux des inquisiteurs athégristes républicains, donc c’est à moi de décider quelle éducation je leur donne et dans quel milieu je veux les éduquer, et parmi mes droits figure celui de partager ma vision à mes frères et sœurs en Islam, et plus largement à toute personne réceptive.
L’idéal pour voir grandir un enfant durant les premières années de sa vie, c’est un cadre traditionnel, un milieu simple, certes avec un minimum mais sans trop de confort non plus, et bien évidemment avec des livres et sans téléphone ni écran avant la puberté, histoire que de protéger le cœur et le cerveau du petit en le faisant grandir sainement, en lui apprenant à se connecter à son Créateur, en lui inculquant la culture de l’effort, en pleine nature afin qu’il grandisse au contact de la création d’Allah, et non au milieu du bitume, dans une terre où les voisins sont des musulmans sunnites orthodoxes ni laxistes ni dans l'extrême afin qu’il puisse se faire des amis qui le tirent vers le haut, et dans un petit village où un douar dans lequel tout le monde se connait.
J’ai voyagé à travers une grande partie du Maroc, mais aussi dans beaucoup d'autres pays musulmans, et j’ai trouvé de nombreux endroits où il est possible d’élever la chair de ma chair en répondant à ces critères.
Puisque j’ai parlé de l’importance du voisinage, le moment est venu de parler un petit peu des marocains et de leur culture. Si, dans les grandes villes, on peut malheureusement constater un engouement malsain pour le modèle occidental, c’est beaucoup moins présent dans les milieux ruraux, où les populations musulmanes vivent un mode de vie assez traditionnel. Je n’ai pas vu chez ces frères et ces sœurs des campagnes tous les vices répandus dans les villes.
Non pas parce que les gens des villes sont mauvais, attention, mais parce que ce sont dans les villes, plus peuplées, plus propices à faire du profit de différentes manières, que s’installent des gens mal intentionnés qui ne pourraient pas commettre leurs crimes et/ou actes de débauches dans les campagnes où règne un contrôle social assez fort.
Dans les villages et même dans les petites villes, tout le monde connait tout le monde, donc celui qui a des choses à cacher ne peut pas le faire bien longtemps. Et même si cette culture de l’individualisme présente en Occident a malheureusement touché la plupart des grandes villes, c’est loin d’être le cas pour les petites (et même les moyennes) villes et villages marocains.
Là-bas, il est dans la culture des habitants de s’occuper des autres, d'être pudique aussi bien dans l'apparence que le comportement, de préserver les liens familiaux, de s’entraider, et même d’aider les étrangers.
Si vous arrivez dans une petite ville du sud-est marocain, que vous n’avez pas de toit ni d’argent, soyez sûr que quelqu’un va vous ouvrir sa porte et vous donner le gite et le couvert aussi longtemps qu’il le faudra pour que vous puissiez vous ressaisir. Que vous soyez musulman ou non, d’ailleurs. L’hospitalité au Maroc, c’est pour tout le monde. Les marocains sont connus pour être un peuple chaleureux et accueillant, et cette réputation est amplement méritée.
Une autre qualité que j’ai trouvé chez les marocains, en particulier ceux des campagnes, est leur simplicité. Ce sont pour beaucoup des gens authentiques, sans double face, qui vivent simplement, ne se compliquent pas inutilement la vie avec des raisonnements et des plans alambiqués et de fausses logiques superficielles comme on aime bien le faire en France. Et le fait d’être des gens simples ne les empêche pas, bien au contraire, d’être débrouillards et intelligents. J’ai eu énormément d’échanges enrichissants avec des frères marocains issus de milieux ruraux modestes. Que ce soit sur des sujets religieux, de la sociologie ou de la géopolitique, échanger avec ces frères a été pour moi bien plus constructif et intéressant que lorsque je perdais mon temps avec tous ces pompeux pseudo penseurs polémistes grandiloquents à l’égo surdimensionné qu’a produit le modernisme occidental.
Egalement, au Maroc et en particulier dans les milieux plus traditionnels, les liens familiaux sont préservés. Là-bas, il y a toujours une maison familiale pour chaque fratrie. Même si les fils la quittent pour aller travailler dans d’autres régions du pays, voire à l’étranger, à chaque été ou période de vacances de plus d’une semaine, ils reviennent tous rendre visite à leurs parents, leurs sœurs et au reste de la famille.
Le jour de l’Eïd, les voisins se visitent les uns les autres et tout le monde offre l’apéritif à tout le monde avant de sacrifier le mouton. Là-bas, ce jour béni est vraiment un jour de fête, de fraternité et de partage pendant qu’en France s’enchainent encore et toujours les mêmes incessantes polémiques sur l’abattage rituel et les difficultés qu’ont les musulmans à ne pouvoir célébrer cet évènement dans de bonnes conditions, en particulier pour les convertis et musulmans célibataires vivant loin de leur famille, pour qui ce jour n’a rien de festif.
Au Maroc, surtout dans la région du sud-est qui est celle que je connais le mieux, la majorité des habitants sont des amazigh et ont une profonde attache à la culture. Mais ce sont pour l’écrasante majorité des musulmans. Même si certains ont des manquements dans leur pratique, ils sont musulmans, l’affirment avec fierté et ont des qualités humaines qui donnent bien plus envie aux gens de s’intéresser à l’Islam que certains religieux ultra rigoristes qui, en dépit de leurs nombreuses adorations, ont un comportement des plus répulsifs pour lesquels ils rendront des comptes au jour dernier (eh oui, si une personne s’intéresse à l’Islam et en a une mauvaise image à cause d’un musulman, celui-ci en portera une lourde responsabilité. Inversement, si quelqu’un, par sa noblesse de caractère, est une cause de guidée, il peut espérer d’Allah azawajal le pardon pour tous ses manquements et péchés commis en privé). Et puis, la plupart de ces frères ayant des manquements dans leur pratique restent quand même très réceptifs au rappel et à la motivation, surtout si elle est faite avec bienveillance, douceur et accompagnée de du’as pour la personne en question.
Je m’attarde un peu sur ce point car j’en ai assez de tous ces frères et toutes ces sœurs lapidaires qui passent leur temps à pointer du doigt les manquements des autres sans rien faire pour essayer de faire avancer les choses. Tout le temps des discours défaitistes et culpabilisateurs du style : “ça y est, c’est la fin des temps”, “la oumma d’aujourd’hui, c’est qu’une oumma de clochards, y’a plus de oumma”, “c’est tous des égarés maintenant”, “les musulmans d’aujourd’hui ceci cela, patati patata”... STOP ! Le constat, on le connait ! Tu veux faire changer les choses ? Alors fais comme le Messager d’Allah ﷺ : fais da’wa ! Rappelle car le rappel profite aux croyants ! Sinon, aies au moins la décence de fermer ta grande bouche, si c’est juste pour balancer des ondes négatives !
Idem pour tous ces discours de la team des anti-hijra du style : “le bled, c’est mort, y’a rien”, “le bled, c’est rempli de corruption”, “les gens du bled sont trop comme ci, comme ça” (franchement, je préfère de loin la compagnie des gens simples et respectueux du bled à celle des auteurs de ce genre de reproches)... quel est le but derrière ces propos ?
Inciter à l’action, à entreprendre pour faire avancer nos pays ? Si c’est ça, je pense que la méthode est à revoir.
Juste critiquer, voire décourager ceux qui aiment nos pays musulmans et veulent y vivre, eux et leurs enfants ? Si c’est ça, on va remettre les pendules à l’heure : oui, il y a beaucoup de choses qui doivent être améliorées dans nos pays. Aussi bien au Maroc qu’en Algérie, en Tunisie, au Mali, au Sénégal, en Turquie, en Arabie Saoudite, en Indonésie, et dans tous les pays du monde, musulmans compris, on a un gros travail de da’wa à faire, c’est évident, personne ne dit le contraire. Maintenant, en quoi le fait de critiquer et tenir des discours défaitiste va-t-il faire progresser nos pays ? Allez-y, messieurs et mesdames les pourfendeurs, je vous écoute ! Ecrivez-moi votre réponse, je la lirai avec attention.
Pourquoi ne pas envisager le retour dans nos pays, non pas seulement dans un but égoïste de simplement s’offrir une vie tranquille pour nous et notre famille, mais aussi dans un objectif d’agir pour faire avancer les choses, à notre niveau, dans nos pays ?!
On a de l’argent ? Investissons-le dans des projets utiles pour nos pays et nos frères et sœurs !
On a du savoir ? Transmettons-le à nos frères et sœurs dans nos pays respectifs !
On a du pouvoir ? Exerçons-le de manière juste et altruiste, pour faire avancer le din dans nos pays, ce qui va nous faire aller de l’avant !
“Oui mais les dirigeants vont pas nous laisser faire, c’est la corruption là-bas”.
Est-ce que les dirigeants t’empêchent de motiver ton frère ou ta sœur qui ne prie pas à faire la prière ?
Est-ce que les dirigeants t’empêchent de partager ta richesse avec les pauvres dans ton pays ?
Est-ce que les dirigeants t’empêchent de transmettre tes compétences à tes frères et sœurs ?
Est-ce que les dirigeants t’empêchent de rappeler autour de toi que cette vie éphémère a un sens et qu’on retournera tous vers notre Créateur qui nous a donné tout ce dont on avait besoin pour réussir dans les deux mondes ?
Non. Dans la plupart de nos pays, les dirigeants n’empêchent personne de faire cela. Les dirigeants n’aiment pas ceux qui viennent critiquer ouvertement leur politique et inciter plus ou moins explicitement à la révolte, ça oui. Mais ce n’est pas de cela dont il s’agit quand on parle de da’wa, ou d’agir pour faire avancer nos pays. D’ailleurs, vu l’état actuel des choses, venir jouer les agitateurs est clairement quelque chose à éviter. On a bien vu à travers de nombreux exemples historiques comment ça s’est passé quand des peuples renversent un tyran sans que le din ne soit bien ancré en chacun des individus qui composent cette population. Le Prophète ﷺ n’a pensé à bâtir un Etat islamique qu’après avoir gagné les cœurs des médinois qui étaient prêts à l’accepter. La da’wa, si on suit l’exemple de notre modèle, ça commence par le bas, à savoir inviter les gens à la foi, travailler cette foi jusqu’à ce qu’elle pénètre les cœurs, et ensuite, une fois que cette base est acquise, progressivement, ça gravit les échelons. Si une majorité de musulmans concentre ses efforts pour éduquer la jeunesse de nos pays à travers les nobles valeurs de notre din, ce sera cette jeunesse qui construira l’Afrique de demain, l’Asie de demain, l’Europe de demain, le Monde de demain !
D’ailleurs, la hijra, pour tous mes frères et toutes mes sœurs qui l’ont accomplie ou projettent de l’accomplir, ce n’est pas simplement le fait de quitter une terre pour une autre. Avant tout, c’est une émigration intérieure des vices et autres maladies de l’âme vers Allah azawajal l’Unique. Ensuite seulement, c’est une émigration extérieure d’une terre où la pratique du din est impossible ou trop compliquée vers une autre où on peut pratiquer son din. À noter - petite parenthèse - que le mot “terre” ne désigne pas nécessairement un pays comme on a tendance à le comprendre souvent aujourd’hui. Ça peut être aussi le fait de quitter une ville ou une région où le fassad est omniprésent pour aller s’installer dans une autre région ou à la campagne. L’essentiel est que l’objectif derrière cette émigration soit le fait d’adorer Allah et de mieux pouvoir pratiquer sa religion. On ne peut donc pas parler de hijra pour un pervers qui s’adonnait à toutes sortes de vices en France et décide d’aller s’installer à Marrakech, à Tunis, à Dakar ou peu importe, pour continuer à vivre son fassad décomplexé de la même manière. Là, on parle d’un Maghrébin ou d’un Noir (qui peut être musulman, certes, mais avec de gros manquements inconciliables avec le concept de hijra) qui a quitté la France parce qu’il en avait marre du racisme, ou parce qu’il a fait suffisamment de sous pour se permettre d’aller les dépenser sous le soleil, là où la vie est moins chère. D’ailleurs, je me demande même si on peut parler de hijra pour un musulman qui quitte la France simplement à cause du racisme, mais qui une fois dans son nouveau pays, va vivre une vie de jouisseur consommateur avec uniquement ses obligations religieuses en plus et un comportement dans la norme.
La véritable hijra, celle que le Prophète ﷺ a faite, c’était avant tout dans l’objectif de propager l’Islam.
Quand le Messager d’Allah ﷺ a envoyé Mosaab Ibn Umayr à Médine la première fois, c’était dans le but qu’il y fasse da’wa avant tout. Et cela n’a pas été sans peine.
Pour rappel, avant de devenir de grands Compagnons qui ont marqué l’Histoire de l’Islam avec leur bravoure et leur dévotion, les chefs médinois Saad Ibn Muadh et Ousayd Ibn Houdayr étaient partis trouver Mosaab avec l’intention de la chasser de la ville. Imaginez que ce dernier, les voyant arriver, se soit dit : “inutile d’essayer de leur parler, ça se voit qu’ils ne veulent pas de moi ni de ce que je prêche”, Médine serait-elle devenue la ville sainte que l’on connait aujourd’hui ?
D’ailleurs, la plupart des Arabes de l’époque qui sont devenus parmi les meilleurs hommes que cette terre ait portée après la da’wa du Messager d’Allah ﷺ avaient-ils, au départ, moins de vices et de mauvaises coutumes que les frères et sœurs de nos pays actuellement ? On parle quand même de gens qui fabriquaient des statues pour ensuite leur offrir des dattes (qu’ils mangeaient eux-mêmes en constant que l’idole n’y touchait pas) et se prosterner devant, qui enterraient vivantes leurs filles, qui buvaient comme des pochards et se battaient pour des broutilles. Les autres civilisations, comme les Perses et les Romains, voyaient ces Arabes comme des animaux qu’il n’était même pas la peine d’aller coloniser tant ces derniers n’avaient rien à leur apporter. Voyez maintenant ce que l’Islam a fait de ces Hommes. Et sans la da’wa du Prophète ﷺ, ainsi que celle de ses Compagnons, comment l’Islam aurait-il pu toucher le cœur de ces Hommes ?
De la même manière, si on essaye de suivre notre Prophète ﷺ dans son effort béni de da’wa, pourquoi ne pas espérer qu’Allah azawajal aide à nouveau cette communauté de la même manière qu’Il l’a aidée dans le passé ? Les lois du Créateur sont immuables : ce qui a permis aux premiers musulmans de réussir permettra également aux derniers de réussir. À condition qu’ils agissent comme les premiers. La marche à suivre est la même, seul le contexte et les personnes changent.
C’est à nous de construire l’Afrique de demain !
La da’wa, c’est aussi notre mission à nous, du moment que nous sommes musulmans !
Quitter la France pour protéger nos enfants, pour mieux vivre notre foi et troquer cette atmosphère oppressante contre un mode de vie plus serein, en phase avec notre fitra, oui. Mais pas seulement. À nous aussi d’agir, à notre niveau, pour apporter nos compétences à nos pays, pour les aider à se développer sur tous les plans, à commencer par le fait d’y faire progresser le din, source de réussite dans cette vie, et dans l’autre !














