KHALIL ADIL - "ENTRISME"
- sytounmcef
- il y a 4 jours
- 6 min de lecture
« Pour savoir qui vous dirige vraiment, il suffit de regarder ceux que vous ne pouvez pas critiquer ».
Citation apocryphe dont le véritable auteur n’est pas connu avec certitude. Mais ce qui nous importe, c’est surtout le fond. Raison pour laquelle je la reprends comme introduction de ce texte. Peu importe qui en est à l’origine. Ce qui m’intéresse, c’est la vérité qu’elle contient. Pour le reste (son auteur, ses idées…), ce n’est ni le sujet, ni mon problème.
Depuis des années, on nous parle d’un gigantesque complot islamiste contre la France. Selon les politiciens, médias et autres personnalités défendant corps et âme cette théorie qui ne pourrait être, à les écouter, que vérité absolue et factuelle, les Frères Musulmans s’infiltreraient partout afin d’islamiser la France.
En politique.
Dans les hautes strates de la société.
Et même dans les sphères plus basses.
Et la gauche serait complice de ce que certains appellent paradoxalement « le mal » tout en défendant ce que moult instances internationales et Etats s’accordent à reconnaitre comme un génocide. Lorsqu’on défend l’extermination d’un peuple, il faut quand même avoir un niveau de culot – et de malhonnêteté – stratosphérique pour accuser les autres de soutenir « le mal ». Mais bref.
Examinons plutôt cette théorie de l’entrisme des Frères Musulmans en ne prenant que les faits en considération. Sans citer 50 000 noms ni faire de procès d’intention à l’encontre de quiconque.
Déjà, il serait intéressant de savoir qui sont les « Frères Musulmans » d’après ceux qui les accusent de vouloir prendre le contrôle de l’Hexagone.
S’agit-il de l’UOIF ? À savoir une association musulmane à des années lumières de faire l’unanimité au sein de la communauté musulmane de France.
Ou s’agit-il en fait de tous les musulmans ? Et encore plus largement, de toute personne, musulmane ou non, qui défend les droits du peuple palestinien en appelant au respect du droit international ?
Quant à « l’islamisme », de quoi s’agit-il ? De la pratique de l’Islam (foi en un Dieu unique, prières à l’heure, zakat, jeûne du Ramadan, pèlerinage à La Mecque, pudeur…) ? D’une idéologie précise ? Si oui, laquelle ? Quelle est la frontière entre un « musulman » et un « islamiste » ? Donnez-nous des définitions claires et des arguments de fond, qui prennent en compte la complexité des faits. Pas des étiquettes ne visant qu’à créer de la peur et du soupçon.
Ceci étant dit, voyons ce qu’est précisément « l’entrisme ». En tapant la définition de ce mot sur Google, voilà le premier résultat : « L'entrisme ou noyautage est une tactique politique qui consiste à faire entrer de manière concertée des membres d'une organisation militante dans une organisation rivale afin d'en infléchir les orientations ou d'en favoriser la désorganisation, la déstabilisation ou la destruction. Le terme est issu de l'idéologie trotskiste » (Wikipédia).
Maintenant, essayons d’être factuel et intellectuellement honnête et voyons si l’UOIF – et plus largement les musulmans dans leur ensemble – répondent à ces critères. Si c’est le cas, si vraiment les musulmans cherchent à s’introduire au sein du gouvernement républicain, surtout si le plan est structuré et en œuvre depuis plusieurs années, alors il sera facile de trouver de nombreux membres du gouvernement de confession musulmane, pratiquants leur religion (car non, les maghrébins et les noirs ne sont pas forcément musulmans. Et les musulmans ne sont pas forcément maghrébins ou noirs, au cas où certains ne l’auraient pas encore compris).
Or, combien avons-nous de ministres musulmans au sein des différents gouvernements de la Vème République ?
Combien avons-nous de sénateurs musulmans ?
De préfets musulmans ?
De magistrats musulmans ?
De commissaires musulmans ?
De procureurs musulmans ?
De propriétaires de grands médias mainstreams musulmans ?
Je laisse le soin à tous les accusateurs d’entrisme frériste islamiste gloubiboulgiste de répondre. Parce que jusqu’à présent, je n’ai vu que quelques députés musulmans (pas forcément très pratiquants, d’ailleurs), régulièrement accusés de tous les maux et trainés dans la boue à la moindre parole ambiguë pendant que d’autres font ouvertement et explicitement l’apologie d’un génocide sans ne subir qu’une petite garde à vue, qui semble davantage réservée à ceux qui dénoncent ce deux poids deux mesures.
De même que je ne vois, en France, qu’une communauté musulmane éparpillée, tellement désorganisée que l’Etat n’arrive même pas à lui trouver de porte-parole, se voyant alors obligé de chercher vainement à lui en imposer.
Cela dit, il y a bien des musulmans qui prêchent et appellent les gens à l’Islam. Sur internet et parfois également sur le terrain. J’en fais d’ailleurs partie. Mais jusqu’à preuve du contraire, il ne s’agit que d’initiatives à petite échelle de citoyens faisant usage de leur liberté d’expression sans ne disposer pour cela d’aucun pouvoir politique, législatif, judiciaire ni médiatique. Sinon, prouvez-moi le contraire et dites-moi quel prédicateur musulman a le pouvoir de convoquer des membres du gouvernement ou des grands médias mainstreams pour leur dicter leur conduite et ligne éditoriale. Il faut plutôt regarder du côté du CRIF pour cela. Au contraire, les prédicateurs musulmans sont régulièrement pris pour cible par le gouvernement et les grands médias qui les accusent de tous les maux, gèlent leurs avoirs sans procès de manière totalement arbitraire et les trainent devant les tribunaux pour des procès d’intention.
Donc factuellement, si on ne rentre pas dans le complotisme, les procès d’intention ou les spéculations mais que l’on ne reste que sur les faits à proprement parler… eh bien il va en falloir davantage pour prouver que l’entrisme frériste islamiste gloubiboulgiste est une réalité. Que des musulmans de la masse fassent usage de leur liberté d’expression, et que certains français « de souche » soient convaincus par la véracité de l’Islam ne prouve aucune tentative d’infiltration politique organisée. Et il n’y a officiellement, selon la loi de la République, absolument rien d’illégal à ce qu’un musulman présente ce en quoi il croit.
Quant à l’UOIF, puisque c’est généralement cette association que l’on appelle « Frères Musulmans », quoi que l’on pense d’eux, il faut reconnaitre que, pour une organisation censée être influente au point d’inquiéter l’élite politico-médiatique et l’ensemble de la droite française, ils se font quand même écraser un peu trop facilement. Leurs écoles (dont l’IESH), associations et mosquées sont très rapidement et aisément dissoutes et fermées sans qu’ils ne puissent se défendre, malgré le pouvoir qu’on leur confère, tandis que leurs personnalités sont quasi-quotidiennement salies dans les médias, envoyées devant les tribunaux et expulsées lorsqu’elles n’ont pas la nationalité française. On se rappelle d’Hassan Iquioussen, une des figures les plus représentatives de ce groupe, et du traitement qui lui a été réservé en 2022 – 2023. Pour une organisation présentée comme tellement puissante qu’elle parvient à s’infiltrer dans la politique profonde du pays, l’UOIF n’a pas été capable de protéger l’un de ses représentants. D’ailleurs, aucune autre structure musulmane n’en a été capable non plus.
S’agit-il alors d’un complot tellement bien orchestré qu’il ne laisserait aucun signe de sorte que nul ne pourrait rien soupçonner ?
Ou la vérité n’est-elle tout simplement pas que les Frères Musulmans n’ont aucun pouvoir politique en France ?
Toutefois, puisque nous en sommes à parler d’entrisme, il semble curieux que les mêmes politiciens, journalistes et autres figures de la droite française visiblement désireux de préserver leur chère patrie d’une influence étrangère ne disent rien lorsque les présidents, leurs ministres et les propriétaires des grands médias mainstreams vont au diner du CRIF et sont convoqués par des responsables sionistes à la manière des imams convoqués au commissariat lorsqu’ils ne disent qu’une parole allant dans le sens inverse des intérêts d’Israël. Alors que, pour le coup, si on reste dans la définition d’entrisme et que l’on analyse le poids du lobby sioniste, ou encore de la franc-maçonnerie – organisation ayant tous les traits d’une religion – notamment avec ses loges les plus connues comme le Grand Orient de France, sur la politique française, eh bien… sans rentrer dans le complotisme, il y a quand même matière à se poser certaines questions. Notamment, pourquoi aucun journaliste ni politicien (ni même chercheur, universitaire ou simple citoyen) ne peut parler de « judaïsme politique » pour qualifier la pression du lobby sioniste sur l’Etat français ou dénoncer l’emprise de la franc-maçonnerie sans subir de lynchage médiatique en règle ni ne risquer la fin de sa carrière, voire pire ?
Je laisse tout français, de droite comme de gauche, peu importe, méditer sur tout cela avec honnêteté intellectuelle et en ne restant focalisé que sur les faits. Car si on rentre dans la spéculation, alors c’est simple : on peut partir de n’importe quelle hypothèse, prendre tout ce qui nous tombe sous la main pour la défendre en interprétant ce tout et n’importe quoi n’importe comment. Médiatiquement, dans la société du spectacle et de la corruption aux yeux d’un public à la recherche de biais de confirmation, ça marche. Mais scientifiquement, si on veut être honnête et rigoureux dans nos enquêtes, et que l’on s’adresse à un public désirant vérité et justice, c’est une autre affaire.
Peut-être serait-il judicieux, pour commencer, de cesser de polémiquer et d’étiqueter d’entrée de jeu ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord. Puis de poser une définition claire sur tous ces termes ambigus et sujets à interprétation. Aussi bien « entrisme », « frérisme », « islamisme », que « antisémite », « juif », « sioniste » et « antisioniste », par exemple. Cela éviterait un flou dangereux, des traitements juridiques inappropriés et des récupérations putassières par certains individus aux intentions douteuses.
Bien sûr, ces propositions ne sont adressées qu’à ceux qui cherchent la vérité.
Sur ce.





