Khalil Adil (anciennement Sytoun) - "AGIR 3"
- sytounmcef
- 4 avr. 2021
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 nov. 2021
C’est bien de proposer des actions à mener pour améliorer le monde, mais c’est tout aussi bien si ce n’est mieux de proposer des actions à mener pour s’améliorer soi-même.
C’est ce que je vais tenter de faire, avec mes quelques connaissances, dans les lignes qui vont suivre.
Pour commencer, je vais livrer un témoignage personnel, qui aidera ceux qui me connaissent depuis le départ à comprendre l’évolution de mes écrits depuis 2013 à Aller de l’avant, en passant par mes romans Bon et Le croquemort et mes recueils Ombre Claire, Pacifique Anarchie et Cri, entre 2016 et 2019, pour ceux qui s’en souviennent.
À l’époque, j’étais déjà révolté par les injustices du monde moderne. Aussi bien les magouilles politiciennes que les manipulations des médias, en passant par le racisme, l’islamophobie, les génocides, les deux poids deux mesures, les bavures, le ghetto et tout ce qu’on peut y trouver… et cela se ressentait dans mes écrits. Mais en me relisant, aujourd’hui, je ressens une certaine honte à n’avoir produit que des constats, ainsi que beaucoup d’erreur dues au fait que j’abordais pas mal de sujets qui me tenait à cœur avec légèreté et sous le prisme de l’émotion avant de le faire avec science, discernement et profondeur.
J’avais déjà, en 2017, cette volonté de faire avancer les choses. Mais je ne savais pas comment m’y prendre. Je pointais déjà du doigt des problèmes, mais j’étais incapable d’y apporter des solutions réalisables. Je tentais naïvement d’en trouver à travers des discours humanistes[1], sans prendre conscience que j’avais déjà une religion qui avait réponse à tous les problèmes du monde depuis le début de la création jusqu’à la fin des temps. Et pour cause, je n’avais pas pris le temps de l’étudier. Malgré le fait que je priais et jeûnais déjà durant Ramadan, j’étais encore trop imprégné de la culture matérialiste et de mes mauvaises habitudes de « mec de la street ». Alors je combinais la bonne intention de tirer la société vers le haut avec une double ignorance : celle de ne pas avoir de vraie solution réalisable, et celle de penser en avoir. Résultat : nul.
Un jour, j’en ai eu assez. Je savais au fond de moi que j’avais ce manque, ce vide dans ma vie, cette sensation de ne pas être à ma place tout en sachant à la fois sans savoir où était ma place. Car j’ai toujours été croyant, dans le sens où je savais que l’univers ne pouvait pas – logiquement, rationnellement et pragmatiquement – venir du hasard, du néant ou de l’autocréation.
Ayant développé, en pleine crise d’ado, un certain « contact » avec l’Islam, en grande partie de par mes fréquentations à la cité, j’étais devenu une sorte d’être hybride, mi-musulman, mi-jouisseur matérialiste, avec le pied droit sur un chemin et le gauche sur un autre. J’avançais dans ma pratique de la religion sans vraiment avancer. Je m’étais mis à la prière que j’accomplissais de temps à autre, parfois à ses heures légiférés, parfois n’importe comment pourvu que j’en fasse cinq dans la journée. Mais sans vraiment savoir à Qui je m’adressais, devant Qui je me prosternais.
J’écoutais, de temps à autre – notamment le jour du vendredi – des prêches d’imams soulevant le fait que la jeunesse musulmane, aujourd’hui, connait par cœur le nom des stars, est capable de répéter par cœur des paroles de rap, tandis que peu peuvent réciter par cœur 3 sourates du Coran et parler de la vie du Prophète ainsi que de ses Compagnons.
Dans mon cas, c’était vrai.
C’était une gifle mais elle était constructive. Parfois, il faut bien savater les égos pour aider les gens à avancer.
À force d’en avoir assez de mon ignorance – surtout en écrivant en parallèle des livres se voulant constructifs – , assez de m’affilier jusque-là par suivisme, de prier et jeûner selon les préceptes d’une religion que je ne connaissais pas, en réalité, j’ai pris la décision d’aller l’étudier un an à la fin de mon cursus universitaire, auprès des premiers concernés – à savoir les musulmans, dans les mosquées, qui m’ont aiguillé vers des professeurs qualifiés, avec qui j’ai pu apprendre intelligemment.
Cette année a été la plus riche et la plus profitable de ma vie.
J’ai réalisé avec certitude où était ma place. J’ai compris ma raison d’être. J’ai compris le sens de la vie et la manière de la comprendre, en remontant à sa source suprême : les explications de son Créateur.
J’ai développé et compris l’importance d’avoir le sens des priorités.
J’ai rencontré, au fil du temps, des gens qui aimaient le savoir, dont le contact était bien plus enrichissant que celui du ghetto dans lequel je perdais une bonne et précieuse partie de mon temps libre.
J’ai retrouvé mon intérêt pour l’Histoire et la lecture qui m’intéressaient déjà depuis le collège mais que j’avais délaissé un temps pour me consacrer à quelques jouissances et affaires mondaines…
C’est ainsi, en comprenant pourquoi j’étais sur Terre, comment bâtir une vie saine, ainsi qu’une société saine, que j’ai fait un grand pas vers l’avant.
Évidemment, ma vie n’est pas devenue un long fleuve tranquille du jour au lendemain. La division de la communauté, le sectarisme rigoriste ou laxiste de certains et d’autres, le rejet de certains proches, les parents qui d’un côté s’inquiètent, de l’autre n’écoutent pas les explications de leur enfant mais se braquent sur leurs préjugés… toutes ces galères qu’ont rencontré une bonne partie des français convertis ne m’ont pas été épargnées. Mais al hamdullilah, j’avance car si j’ai choisi l’Islam, c’est pour plaire au Créateur quitte à déplaire aux créatures.
***
Aujourd’hui, c’est ce message que je veux faire passer à toute personne de bonne volonté qui lira ces lignes : avant d’agir sur le monde, agissez déjà sur vous-même. Posez-vous les bonnes questions. Savez-vous ce que vous faites sur cette Terre ? Pourquoi vous avez été créé ? Pourquoi la mort existe-elle si cette vie est le but en elle-même ?
Avez-vous le sens des priorités ? Pour vous, qu’est-ce qui est le plus important ? Si vous l’obtenez, qu’est-ce que cela vous apportera sur du court terme ? Et sur du long terme ?
Êtes-vous curieux ? Quand vous entendez parler d’un sujet dont vous ignorez les tenants et les aboutissants, comment réagissez-vous ? Vous allez vous renseigner ? Si oui, comment ? Auprès d’amis pas forcément qualifiés ? Avec quelques vidéos YouTube et une petite recherche Google ou Wikipédia, sans plus ? Ou en lisant des livres, en essayant de remonter aux fondements dudit sujet, pour réellement le cerner et savoir de quoi on vous parle sans risquer d’être induit en erreur ?
Votre quotidien. Organisé ? Métro-boulot-dodo ? Errance totale, sans but ni projet ? À fond dans des projets ? Si oui, pourquoi ?
Demandez-le vous. Faites votre introspection.
C’est d’une importance capitale pour aller de l’avant à l’échelle individuelle.
Actuellement, le monde va mal, en bonne partie à cause de la crise socio-politico-économico-sanitaire. Mais tout le monde ne va pas mal. Tous ces confinements, couvre-feux, restrictions liberticides, menace d’instauration d’un passeport vaccinal obligatoire, associés à des nouvelles lois liberticides… n’impactent pas tout le monde de la même manière. Certains n’en dorment plus, sombrent dans la dépression, l’addiction aux drogues, à la pornographie, voire carrément mettent fin à leurs jours. D’autres subissent les mêmes épreuves – solitude, commerce en faillite, lassitude, perte d’un proche… – et pourtant tiennent le coup sans trop souffrir. Et la plupart du temps, ces individus qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont fait cette introspection.
Personnellement, je supporte cette épreuve – difficile – car conscient que ma vie a un sens, que mon Créateur est avec ceux qui cherchent à se rapprocher de Lui. Qu’Il leur suffit comme confident et protecteur. Qu’Il peut mettre fin à cette pandémie et au règne des dirigeants corrompus quand et comme Il veut. Que l’important pour moi est d’œuvrer de sorte à mériter Sa satisfaction, en évitant de me plaindre de Son décret, en aidant – dans la mesure de mes moyens – mes proches, mes voisins et ceux qui traversent de mauvaises phases.
Toutes ces certitudes obtenues par la cause de cette introspection m’aident, aujourd’hui, à tenir le coup face à une situation que je ne suis pas sûr d’avoir pu tenir il y a encore pas si longtemps. Et beaucoup sont dans cet état d’esprit.
Lorsqu’on agit sur soi avant tout, le meilleur avantage – à mon sens – est que le désordre mondial n’empêche pas notre épanouissement personnel. Même s’il est vrai que l’environnement influence, on peut très bien trouver la paix intérieure tout en vivant dans un monde en pleine crise comme le nôtre. Tout comme on peut très bien être un individu malheureux, intérieurement brisé, dans une société pleine de justice, d’équité et d’harmonie.
Agir sur soi est une priorité.
Agir sur soi passe par le fait de se poser les bonnes questions.
De chercher un sens à sa vie.
De développer un esprit critique, surtout vis-à-vis de ceux qui ont prouvé à maintes reprises ne pas vouloir notre bien.
De développer de l’intelligence, chose qui va au-delà d’être cultivé. La culture générale consiste à acquérir des connaissances alors que l’intelligence se mesure à la manière dont nous les utilisons.
De développer une bonne méthodologie d’analyse, en cherchant à comprendre les choses en profondeur…
Et surtout en évitant de tomber dans le piège du matérialisme.
L’être humain a besoin de spiritualité, de fait.
Même les matérialistes, bien que certains ne l’assument pas, sont en quête de paix intérieure qu’ils cherchent dans le yoga, dans le développement personnel ou ce genre de chose, en oubliant qu’ils ont un Créateur qui, comme Il les a créés, eux ainsi qu’un environnement parfaitement sain au naturel pour l’être humain, peut très bien leur apporter cette paix intérieure qu’ils recherchent tant à travers d’imparfaites méthodes humaines.
C’est ce que je recommande sincèrement à toute personne désirant agir sur elle-même et en quête de paix intérieure : chercher à connaitre Son Créateur et chercher à se rapprocher de Lui.
Et comme il nous est humainement impossible de connaitre avec certitude notre Créateur à l’aide de notre seule raison limitée, cela passe nécessairement par le fait de lire et de méditer sur Sa dernière et sûre Révélation qu’est le Coran, préservé par voie orale et écrite depuis l’époque du Prophète, intermédiaire entre Lui et nous, jusqu’à aujourd’hui.
Évidemment, pour bien comprendre le Coran et ne risquer d’avoir de mauvaises interprétations, je recommande de lire également la biographie du Prophète et les exégèses.
Que les sceptiques aillent donc faire l’expérience. Après tout, qu’ont-ils à perdre ? Rien. Qu’ont-ils à gagner ? Peut-être tout.

[1] Naïvement car ignorant ce qu’est vraiment l’humanisme. Au premier abord, cette idéologie peut être séduisante puisqu’elle affiche un intérêt pour la préservation de la vie et la dignité humaine, lutte contre le racisme, la haine et les oppressions des uns envers les autres. Cependant, en remontant à ses fondements et en l’analysant à sa source, la doctrine humaniste a de nombreuses failles et incompatibilité avec le fait d’être musulman. Entre autres, et surtout, elle place l’Homme au-dessus de tout – y compris de son Créateur – et défend l’idée que l’être humain peut s’auto-suffire pour déterminer le sens de sa vie, la gérer et celle de ses semblables, alors que nous reconnaissons tous notre imperfection, nos penchants parfois malsains… or on voit ce que donne un monde où cette mentalité prédomine.




