top of page
Rechercher

KHALIL ADIL - AGIR 5 (introduction)

  • sytounmcef
  • 27 oct. 2021
  • 9 min de lecture

Agir, 5ème et dernier ebook débute par une anecdote. J’ai un jour été confronté à une situation que, je pense, beaucoup ont déjà vécu aussi : un « débat » stérile à travers clavier interposé face à des trolls. C’était en 2015, suite aux attentats. Dans l’espace commentaire d’une vidéo YouTube traitant de l’actualité, un groupe de haters s’acharnaient à répéter que les musulmans sont tous des terroristes, sous couvert de leur écran et de l’anonymat d’internet. Naïvement, j’essayais de soutenir un frère qui tentait de les convaincre qu’il n’en était rien. Malheureusement, je ne savais pas qu’on perdait notre temps, lui et moi, pour la simple et bonne raison que nous n’avions pas affaire à des chercheurs de vérité, mais à des polémistes. Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, ils avaient leurs idées toutes faites, leurs réponses toutes prêtes… inutile de tenter les raisonner. Autant aller traire un bœuf ! En matière d’utilité, ça revient au même.

Et avec le temps et l’expérience, j’ai compris que lutter contre l’ignorance des hommes impliquait de devoir aussi affronter leur orgueil, au combien plus dur à éradiquer. Beaucoup prétendent préférer une vérité qui dérange à un mensonge qui rassure mais dans les faits, ils sont les premiers à s’accrocher à tous les mensonges rassurants et à se braquer face à toutes les vérités qui dérangent si elles ne vont pas dans le sens de leur nombril.

J’ai compris aussi qu’il fallait être sélectif lorsqu’on débat avec les gens, si on veut être efficace. Peu importe les arguments qu’on oppose à ceux qui ne cherchent pas la vérité. Tout ce qui les importe, c’est de flatter leurs égos en ayant raison. S’entêter à débattre avec des polémistes abouti souvent au même résultat que boire pour oublier ses problèmes : perte de temps et mal de tête pour aucun bénéfice. Alors pourquoi s’infliger inutilement des souffrances et perdre son précieux temps à tenter de dialoguer avec eux ?

Plus j’ai pris de l’expérience, plus j’ai compris que lorsqu’on veut transmettre un message constructif, il faut aller vers les personnes de bonne volonté, leur parler sagement et intelligemment.

Quant aux polémistes, aux insouciants et aux cœurs remplis de haine, il n’y a pas de temps à perdre à essayer de raisonner quelqu’un qui n’a que faire de la vérité et préfère suivre ses passions et intérêts sans limites. Qu’il s’entête et paye les conséquences à l’arrivée !

Même scénario quand on décide de se lancer dans la da’wa. Il y a des gens en quête de savoir, de vérité, de bonne foi à qui il suffit juste de parler avec sagesse, logique et raison. Et d’autres, on peut leur mettre un million de preuves sous le nez, ils auront toujours un trillion d’objections.

Au passage, pour mes lecteurs musulmans, rappelez-vous que notre Créateur nous a parlé de ces gens obtus, renfermés sur leur position bien qu’elle ne s’appuie sur rien de solide et que toutes les preuves sont devant eux : {Ils ont des cœurs, mais ne comprennent pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n'entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore. Tels sont les insouciants.} (Sourate 7, verset 179).

D’ailleurs, rappelons que notre Prophète – les non-musulmans sont invités à lire et à tirer des leçons aussi – qui était pourtant bien meilleur que nous, n’a pas pu convaincre l’entièreté de son peuple de la véracité du message de l’Islam. Même son propre oncle est mort mécréant. Pourtant, ce n’était pas les preuves qui lui manquaient : la Révélation de la sourate Al Kahf qui venait répondre aux questions des polythéistes sur Al Khidr, Dhul Qarnayn et les gens de la caverne, celle de la prédiction de la future victoire des Romains sur les Perses mentionné dans le début de la sourate Ar Room, le miracle de la Lune fendue relaté dans la sourate Qamar… mais en dépit de toutes les preuves qu’il leur ramenait, par la permission d’Allah, la plupart des gens à qui il prêchait persistaient à suivre aveuglément leurs coutumes, intérêts et passions.

Comment des grands pécheurs comme vous et moi qui ne lui arrivons pas à la cheville peuvent-ils espérer convaincre tout le monde si le meilleur des hommes lui-même n’a pas réussi ?!

Nous n’avons aucun pouvoir sur les cœurs des gens. Seulement sur ce que nous disons et faisons. Nous avons le pouvoir de réinformer, de transmettre des messages constructifs, de proposer des idées et d’argumenter… pas de modifier ce qu’il y a dans les poitrines. C’est au Créateur de guider ceux qu’Il veut et d’abandonner ceux qui méritent l’égarement.

En ce qui nous concerne, montrons ce qu’est le bien, avec preuves, et incitons les gens à le pratiquer du mieux qu’ils puissent le faire.

Montrons ce qu’est le mal, toujours avec preuves, et mettons les gens en garde contre lui.

Ensuite, avançons avec ceux qui se montreront réceptifs.


***


Souvent, quand on conseille quelqu’un, c’est qu’on lui veut du bien.

Quand, en tant que militants, moi ou d’autres dénonçons les mentalités claquées de la masse et les dérives de cette société décadente, c’est parce qu’on veut la tirer vers le haut et donc permettre aux individus qui la composent de mener un meilleur train de vie.

Quand, en tant que musulman, moi ou d’autres faisons le rappel à un frère ou une sœur qu’on voit dans l’erreur, c’est parce qu’on l’aime et car on lui souhaite le Paradis sans châtiment de la tombe ni séjour de plus ou moins longue durée en Enfer.

Quand on rappelle aux gens qu’il est stupide et dangereux de vivre en bon consommateur hédoniste sans s’intéresser à la raison pour laquelle nous sommes sur Terre, ni à la politique, ni aux enjeux actuels… c’est parce qu’on veut voir ceux que l’on exhorte réfléchir et avancer avant de voir la réalité les rattraper au moment où il sera trop tard pour faire marche arrière.

Car il n’y a pas de fumée sans feu, ni d’action sans conséquence. Donc on ne peut pas se plaindre de la fumée si on a allumé un feu. Pourtant, beaucoup le font, dans les faits. Beaucoup se plaignent des conséquences de leurs actes mais quand on leur dit que tous les maux qui frappent notre société aujourd’hui ne sont que les conséquences logiques du mode de vie de jouisseur consommateur égoïste insouciant que la plupart des français ont adopté, les voilà qui font les sourdes oreilles et refusent le conseil.

Beaucoup se fichent de la raison pour laquelle ils sont sur Terre mais le jour où ils comparaitront devant Celui qui les a créé, qui leur montrera l’Enfer qu’Il a créé pour ceux qui, par orgueil, se sont détourné de Sa voie, les voilà qui seront submergés par les regrets et souhaiteront par tous les moyens s’en sortir, supplieront pour avoir une deuxième chance alors que durant toute leur vie, ils ont préféré se focaliser sur des questions secondaires et des futilités.

Quand moi ou d’autres rappelons ces réalités aux gens, c’est pour les aider. Pas pour nos gains personnels. Après tout, y a tellement d’autres manières moins pénibles pour se faire de l’argent et de la notoriété dans ce monde moderne où il est si facile de réussir quand on laisse scrupules, dignité et principes quelque part sur un satellite, loin dans l’espace.

Personnellement, ce que fera mon lecteur après avoir lu ces écrits ne va rien changer à ma vie. Pour être totalement sincère, être écrivain ne me dit plus rien. Si j’ai continué après Aller de l’avant qui devait être mon dernier recueil, c’était parce que plusieurs lecteurs m’avaient demandé d’étayer davantage ma pensée qu’ils ont estimé constructive. Raison pour laquelle j’ai retardé la date de ma retraite. Je publie les ebooks Agir et mon ouvrage Itinéraire d’un affranchi puis je quitte ce monde de l’édition qui m’a déçu. Pourtant le livre occupe une grande place dans mon estime. C’est un support de connaissances, avec lequel un Averell peut devenir un savant. C’est quelque chose qu’on ne peut que respecter. Mais le monde de l’édition a été colonisé par le consumérisme qui lui a imposé ses codes infects. Résultat, avant, on écrivait pour diffuser du savoir. Maintenant, on écrit pour la gloire. Trop de personnes écrivent de la daube consensuelle pour plaire au plus grand nombre. Sans compter le nombre de requins qui ont intégré ce milieu, entre les éditeurs, prestataires ou chroniqueurs qui vendent des services inefficaces à des sommes astronomiques à des débutants, et les auteurs hypocrites qui ne vont vers les autres que dans le but de recevoir leur soutien pour ensuite les lâcher comme un vieux survêt troué jusqu’à la prochaine fois où ils auront besoin d’aide… j’en ai vu beaucoup, des opportunistes. Ces amis d’un temps qu’on aide à obtenir une place, puis qui nous tournent le dos lorsqu’on traverse des épreuves. Mais fermons cette parenthèse.

Tout ça pour dire que pour militer ou faire da’wa, aujourd’hui, n’est pas un long fleuve tranquille. Si on le fait, c’est vraiment parce qu’on veut apporter du bien aux autres. Beaucoup de gens qui s’engagent ont les moyens de s’en sortir mais s’ils continuent à mener des actions pour le bien commun, c’est parce que le bonheur des autres compte aussi pour eux. Sinon ils ne se frotteraient sans doute pas aux haters, aux braqués, aux faux frères hypocrites et autres obstacles qui en ont découragé plus d’un.

Alors oui, parfois, on est durs et on dit des choses qui peuvent heurter certaines sensibilités. Sans compter le téléphone arabe entre ce qu’on pense, ce qu’on veut dire ou écrire, ce qu’on dit ou écrit et ce que les gens comprennent, ou veulent bien comprendre. Mais il faut prendre conscience que la douceur n’est pas gage de bienveillance, tout comme la dureté n’est pas obligatoirement liée la méchanceté.

On peut très bien être un immonde pendard manipulateur souriant, éloquent, serviable, gentil… et dès que vous êtes sur le charme et que vous lui donnez ce qu’il voulait, hop ! le sssournois ssserpent vous fait un baiser venimeux pour vous manger à petit feu, savourant au maximum son égoïste plaisir.

Donc ne vous y trompez pas et ne croyez pas que parce que vous avez affaire à quelqu’un de gentil et de doux, c’est forcément un brave digne de confiance. Homme ou femme, peu importe, l’intégrité comme l’hypocrisie n’ont pas de sexe ni de couleur.

Inversement, ne croyez pas que la dureté est synonyme de malveillance. Je pense qu’à titre d’exemple, plusieurs de nos amis maghrébins (entre autres) élevés à coups de ceinture pourront témoigner de l’amour et de la bienveillance de leur père à leur égard.

Comprenez bien que les discours aseptisés qui consistent à dire aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre sont contreproductifs sur la durée. Par bienveillance envers toute personne me lisant, je m’abstiens d’en écrire. Tant pis si ça me vaut une perte de public, de la haine, des menaces – faites très souvent par des lâches derrière un clavier qui rasent les murs sur le terrain – ou des « amis » en moins. Au moins j’ai la conscience tranquille, l’honneur sauf, le sommeil apaisé et uniquement des gens vrais dans mon entourage. Mieux vaut être détesté et boycotté pour ce que l’on est qu’être aimé et soutenu pour ce que l’on n’est pas. Et n’est pas auteur engagé que celui qui n'écrit que des choses consensuelles.


***


Certaines personnes pensent peut-être que pour que la situation s’améliore, il faut qu’absolument tout le monde change de manière de vivre et de penser. Faux ! Ce n’est pas nécessaire que tout le monde se mobilise. Un nombre conséquent de gens déterminés à aller de l’avant suffit amplement. Et ce nombre est largement atteint, si on regarde le nombre de musulmans un minimum sincères dans leur foi, ainsi que le nombre de manifestants, d’indignés sur les réseaux qui en ont assez de ce système criminogène et veulent une alternative bien plus saine, cherchent un sens à leur vie et sont assez humbles pour ensuite accepter la vérité même si elle ne va pas dans leur sens.

Et quand bien même il n’y aurait personne, ce n’est pas un problème. Généralement, les projets débutent ainsi : un homme ou un petit groupe ont une idée, la concrétisent avec les moyens du bord. Petit à petit, le projet prend de l’ampleur et, au fur et à mesure qu’il avance, de nouvelles personnes viennent y adhérer jusqu’à ce que certaines de ces initiatives aient aujourd’hui fini par conquérir – façon de parler – le monde.

Facebook, quoi qu’on en pense, en est un bon exemple. Pourtant, il est certain qu’à ses débuts, Mark Zuckerberg ait été confronté à un certain nombre de sceptiques et de détracteurs. Ce qui ne l’a pas empêché de mener à bien son projet.

Et bien sûr, quel meilleur exemple pour un musulman que celui du Prophète Muhammad – que la paix soit sur lui ? Au départ seul dans la péninsule arabique, suivi par peu d’amis, contre beaucoup d’ennemis, sans grand pouvoir… en 23 ans, tout ce qu’il a accompli ne peut que susciter le respect. Pourtant, au départ, combien avait-il d’alliés avec lui ?!

À nous, qui voulons mettre en place des idées et projets pour tirer le monde dans lequel nous vivons vers l’avant, de nous en donner les moyens en avançant sans tenir compte des gens qui préfèrent perdre leur temps à tourner en rond.

Lorsqu’ils en auront assez ou lorsque le système les aura, à leur tour, poussé à bout, peut-être auront-ils le courage de faire leur autocritique et de commencer à chercher comment s’en sortir. En attendant, laissons les dormir confortablement dans la fosse aux lions et occupons-nous de sensibiliser et d’exhorter ceux qui se montrent réceptifs.

Quant aux autres, tant pis pour eux. Ils avanceront lorsqu’ils seront prêts, à leur tour, à faire un effort sur eux-mêmes pour aller de l’avant. Ou ils n’avanceront jamais, et c’est leur choix.

Chacun sa vie, chacun sa mort, chacun son éternité.

Comprendra qui voudra.



ree

Extrait de l'ebook AGIR 5, à paraitre début novembre

 
 
  • Facebook

©2019 par MCEF édition

bottom of page